LA COMTESSE NOIRE (Les Avaleuses) de Jess Franco (1973)

LA COMTESSE NOIRE (Les Avaleuses) de Jess Franco (1973)

Avec La Comtesse Noire, on entre de plein pied dans un cinéma presque purement érotique. Les scènes nues se succèdent et on peine à trouver des moments consacrés à faire avancer l'histoire. Celle-ci est plutôt originale. Où on suit le parcours sanglant d'Irina de Karlstein, vampire sexuelle se nourrissant des hormones de ses victimes dans une étreinte fatale.

Malheureusement, plutôt que d'utiliser l'érotisme pour ajouter au malaise et parfaire son ambiance, c'est l'horreur, prétexte, qui sert de support à une succession de scènes érotiques. On se surprend souvent à attendre une scène habillées qui fera avancer l'histoire. Il existe une version bardée d'inserts pornos que je ne regrette, du coup, pas du tout.

Nous jetterons un voile pudique sur les photo, la musique, le cadre et toutes ces choses inutiles.

En revanche, celui qui sait passer outre la place trop grande faite aux scènes érotiques trouvera quelques pépites. Lina Romay nous prend par la main (et par la queue...) et nous emmène dans son monde obscur et sensuel. On regarde le film avec un certain plaisir et on rit parfois de certaines nanardise bien ridicules.

Certainement un film à réserver aux amateurs de Jess, uniquement aux amateurs.

Le film est connu sous divers titres : LES AVALEUSES, EROTIKILL, LA COMTESSE AUX SEINS NUES...

Pour qui a vu les quelques films que Jess Franco a fait avec sa muse d'alors, Soledad Miranda (VAMPYROS LESBOS, SHE KILLED IN ECSTASY) morte tragiquement en 1970 dans un accident de voiture, on sent encore clairement ici toute l'influence que l'actrice à eu sur son mentor.

A l'époque du tournage des AVALEUSES, Jess Franco avait bien du mal à se remettre du décès de l'actrice espagnole. Si mal qu'il essaya pendant quelques temps de transformer Lina Romay en une variation de Soledad. Cela se ressent énormément dans ce film-là. La coupe de cheveux, le style vestimentaire, la sensualité qui se dégage de ce personnage de femme-vampire. Mais Lina Romay n'est finalement ici qu'une vulgaire et pâle copie de ce qu'arrivait à rendre à l'écran la sublime Soldedad Miranda. Du coup, Lina misait sur un côté beaucoup plus provocateur, lorgnait même vers une vulgarité excessive (qui s'accentura à mesure que sa carrière prend de l'ampleur!) ... Une impudeur totale dont Jess Franco se repaît en alignant nombre de séquences sexuellement assez explicites où l'intimité de sa comédienne n'est plus du tout suggèrée.

Cela n'en rend pas forcément le film meilleur mais il s'y dégage une torpeur unique. Je me souviens avoir lu dans des revues spécialisées de l'époque que Jess Franco disait vouloir filmer "l'ennui d'une vie immortelle"... C'est une présentation assez curieuse et malgré tout fascinante de la vie d'une femme vampire. Le film reste assez unique en son genre et comporte nombre de séquences brumeuses et iconoclastes (notamment avec sa petite chauve souris en bouchon de radiateur sur la rolls) et prépare les amateurs de son cinéma à une incursion toujours plus forte dans l'érotisme quasi-pornographique qui emplira de plus en plus son oeuvre. Particulier mais toujours avec ce petit esprit déviant et original. Jess did it again!


https://www.youtube.com/watch?v=Yw9PWZDEdHg