Un film, ça va quelque part ou ça se contente de raconter (et c’est déjà bien quand c’est bien), de raconter des histoires ? Je me demande, en revoyant ce film d’un bonhomme que j’adore (N JORDAN. Ah, « The Crying Game », parmi d’autres !!), combien de clés un cinéaste doit donner (ou faire trouver) à ses spectateurs. Le problème, avec ce film splendide visuellement, par lequel il est difficile de ne pas se laisser séduire, est qu’il n’en donne aucune, et qu’un des personnages, Armand, le plus médaillé des vampires (400 ans au compteur, quand Louis n’en affiche que 200) le dit lui-même : aux interrogations de Louis, turlupiné par des questions existentielles pendant tout le film, qui tient notamment à savoir ce qu’il est exactement et pourquoi il est là (au fond !!), il répond simplement : « Tu es un vampire.» Le v’là bien avancé, le Louis.
Et nous aussi ronds de flan que lui : on aimerait bien savoir. Et nous ne sommes pas les seuls. Le journaliste, en effet, voudrait bien connaître cela, et c’est une des grandes réussites du film, que d’avoir suscité une forme d’envie du vampire chez le spectateur : pas vraiment dégoûté, le journaliste, par les menus aux rats et aux caniches qui ont été le quotidien de Louis du temps de sa jeunesse folle (de vampire humaniste); nous non plus* ne sommes pas trop dégoûtés, puisqu’il a, Louis, vous suivez ?, depuis, changé de cantine. Et, comme le journaliste veut tout laisser tomber pour (une manipulation lui fait vite comprendre que c’était peut-être du rat mais que ce n’est pas de la tarte) faire comme Louis (anti roman d’apprentissage : Louis est consterné que tout son récit n’ait servi qu’à donner envie à son auditeur de vivre à son tour cette VDM**. ‘L’a rien compris, le gars, un comble dans un film-roman d’apprentissage), de la même façon, JORDAN réussit à nous troubler : l’immortalité, après tout, ce n’est pas rien, non ?
Au bout du compte, le bilan est compliqué : film critique sur le dogme draculéen (ail, pieu, lumière, etc), mais qui débouche sur la substitution d’une saga familiale à une autre saga connue du public***, le pire étant que tout le monde (les trois vampires, deux surtout) s’emm…. s’ennuie dans cette saga, en a marre de cette saleté de non-existence, même si le spectateur, malgré sa perplexité ( ?), suit les mésaventures de ces névrosés avec fascination et amusement (très drôle, par exemple, quand la gamine, au spectacle donné par les vampires, dit à son voisin : « Very avant-garde !! »). Comme quoi, contrairement à ce que dit Hannibal Lecter, un névrosé n’est pas forcément ennuyeux.
*JORDAN évite l’écueil, si c’en est un, du simple film d’horreur. Il cherche autre chose. Mais quoi ? S’il le disait !! Un peu plus clairement !!! Ou bien, d’accord, la perplexité du spectateur est l’effet recherché par le cinéaste. Réussi, en ce cas
**Vie de merde, pour ceux qui ne connaîtraient pas l’expression internet
***enfin : « connue » ; plutôt pas si bien que cela, j’ai l’impression. Dans le grand public, si on dit Dracula, vient à l’esprit l’image de Chris LEE qui se décape et recape illico pour mordre et suçoter une belle endormie, plutôt que le film de COPPOLA, et encore moins le bouquin de STOKER, que COPPOLA a suivi assez fidèlement. A propos de suçoter, Stephen KING insiste très justement, dans son « Anatomie de l’horreur », sur le caractère profondément sexuel des gesticulations des vampires, et sur le fait qu’il s’agit exclusivement d’une sexualité infantile (orale). Passage très amusant.
Et nous aussi ronds de flan que lui : on aimerait bien savoir. Et nous ne sommes pas les seuls. Le journaliste, en effet, voudrait bien connaître cela, et c’est une des grandes réussites du film, que d’avoir suscité une forme d’envie du vampire chez le spectateur : pas vraiment dégoûté, le journaliste, par les menus aux rats et aux caniches qui ont été le quotidien de Louis du temps de sa jeunesse folle (de vampire humaniste); nous non plus* ne sommes pas trop dégoûtés, puisqu’il a, Louis, vous suivez ?, depuis, changé de cantine. Et, comme le journaliste veut tout laisser tomber pour (une manipulation lui fait vite comprendre que c’était peut-être du rat mais que ce n’est pas de la tarte) faire comme Louis (anti roman d’apprentissage : Louis est consterné que tout son récit n’ait servi qu’à donner envie à son auditeur de vivre à son tour cette VDM**. ‘L’a rien compris, le gars, un comble dans un film-roman d’apprentissage), de la même façon, JORDAN réussit à nous troubler : l’immortalité, après tout, ce n’est pas rien, non ?
Au bout du compte, le bilan est compliqué : film critique sur le dogme draculéen (ail, pieu, lumière, etc), mais qui débouche sur la substitution d’une saga familiale à une autre saga connue du public***, le pire étant que tout le monde (les trois vampires, deux surtout) s’emm…. s’ennuie dans cette saga, en a marre de cette saleté de non-existence, même si le spectateur, malgré sa perplexité ( ?), suit les mésaventures de ces névrosés avec fascination et amusement (très drôle, par exemple, quand la gamine, au spectacle donné par les vampires, dit à son voisin : « Very avant-garde !! »). Comme quoi, contrairement à ce que dit Hannibal Lecter, un névrosé n’est pas forcément ennuyeux.
*JORDAN évite l’écueil, si c’en est un, du simple film d’horreur. Il cherche autre chose. Mais quoi ? S’il le disait !! Un peu plus clairement !!! Ou bien, d’accord, la perplexité du spectateur est l’effet recherché par le cinéaste. Réussi, en ce cas
**Vie de merde, pour ceux qui ne connaîtraient pas l’expression internet
***enfin : « connue » ; plutôt pas si bien que cela, j’ai l’impression. Dans le grand public, si on dit Dracula, vient à l’esprit l’image de Chris LEE qui se décape et recape illico pour mordre et suçoter une belle endormie, plutôt que le film de COPPOLA, et encore moins le bouquin de STOKER, que COPPOLA a suivi assez fidèlement. A propos de suçoter, Stephen KING insiste très justement, dans son « Anatomie de l’horreur », sur le caractère profondément sexuel des gesticulations des vampires, et sur le fait qu’il s’agit exclusivement d’une sexualité infantile (orale). Passage très amusant.
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