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Le forum des fous de Cinéma


    Interview with a Vampire (Entretien avec un Vampire), Neil JORDAN

    marrou
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    Message par marrou Lun 29 Juil - 6:56

    Un film, ça va quelque part ou ça se contente de raconter (et c’est déjà bien quand c’est bien), de raconter des histoires ? Je me demande, en revoyant ce film d’un bonhomme que j’adore (N JORDAN. Ah, « The Crying Game », parmi d’autres !!), combien de clés un cinéaste doit donner (ou faire trouver) à ses spectateurs. Le problème, avec ce film splendide visuellement, par lequel il est difficile de ne pas se laisser séduire, est qu’il n’en donne aucune, et qu’un des personnages, Armand,  le plus médaillé des vampires (400 ans au compteur, quand Louis n’en affiche que 200) le dit lui-même : aux interrogations de Louis, turlupiné par des questions existentielles pendant tout le film, qui tient notamment à savoir ce qu’il est exactement et pourquoi il est là (au fond !!), il répond simplement : « Tu es un vampire.» Le v’là bien avancé, le Louis.

        Et nous aussi ronds de flan que lui : on aimerait bien savoir. Et nous ne sommes pas les seuls. Le journaliste, en effet,  voudrait bien connaître cela, et c’est une des grandes réussites du film, que d’avoir suscité une forme d’envie du vampire chez le spectateur : pas vraiment dégoûté, le journaliste, par les menus aux rats et aux caniches qui ont été le quotidien de Louis du temps de sa jeunesse folle (de vampire humaniste); nous non plus* ne sommes pas  trop dégoûtés, puisqu’il a, Louis, vous suivez ?, depuis, changé de cantine. Et, comme le journaliste veut tout laisser tomber pour (une manipulation lui fait vite comprendre que c’était peut-être du rat mais que ce n’est pas de la tarte)  faire comme Louis (anti roman d’apprentissage : Louis est consterné que tout son récit n’ait servi qu’à donner envie à son auditeur de vivre à son tour cette VDM**. ‘L’a rien compris, le gars, un comble dans un film-roman d’apprentissage), de la même façon, JORDAN réussit à nous troubler : l’immortalité, après tout, ce n’est pas rien, non ?

        Au bout du compte, le bilan est compliqué : film critique sur le dogme draculéen (ail, pieu, lumière, etc), mais qui débouche sur la substitution d’une saga familiale à une autre saga connue du public***, le pire étant que tout le monde (les trois vampires, deux surtout) s’emm…. s’ennuie dans cette saga, en a marre de cette saleté de non-existence, même si le spectateur, malgré sa perplexité ( ?), suit les mésaventures de ces névrosés avec fascination et amusement (très drôle, par exemple, quand la gamine, au spectacle donné par les vampires, dit à son voisin : « Very avant-garde !! »). Comme quoi, contrairement à ce que dit Hannibal Lecter, un névrosé n’est pas forcément ennuyeux.

    *JORDAN évite l’écueil, si c’en est un, du simple film d’horreur. Il cherche autre chose. Mais quoi ? S’il le disait !! Un peu plus clairement !!! Ou bien, d’accord, la perplexité du spectateur est l’effet recherché par le cinéaste. Réussi, en ce cas

    **Vie de merde, pour ceux qui ne connaîtraient pas l’expression internet

    ***enfin : « connue » ; plutôt pas si bien que cela, j’ai l’impression. Dans le grand public, si on dit Dracula, vient à l’esprit l’image de Chris LEE qui se décape et recape illico pour mordre et suçoter une belle endormie, plutôt que le film de COPPOLA, et encore moins le bouquin de STOKER, que COPPOLA a suivi assez fidèlement. A propos de suçoter, Stephen KING insiste très justement, dans son « Anatomie de l’horreur », sur le caractère profondément sexuel des gesticulations des vampires, et sur le fait qu’il s’agit exclusivement d’une sexualité infantile (orale). Passage très amusant.
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    Message par marrou Sam 10 Aoû - 7:07

    marrou a écrit: le bouquin de STOKER, que COPPOLA a suivi assez fidèlement.
    'N'avais pas complètement lu le bouquin quand j'écrivais cela. Pas faux mais pas très juste non plus. En revoyant la fin du film, repéré deux différences, au moins.
    L'une, pas très importante, qui donne du piment (?? Je trouve cela inutile) mais, compte tenu du bouquin, est une vraie infidélité. Chez STOKER, Van Helsing est un vieux sage, énergique et décidé, un père pour Mina, et chef du groupe qui veut détruire Dracula. Chez COPPOLA, il cède quelques instants aux avances sexuelles de Mina (juste un enlacement emporté mais chaste), en furie et hystérisée, surtout désireuse de sauver son Drac dans son cercueil.

    Plus conséquent: COPPOLA construit presque tout son film sur l'amour de substitution du comte pour Mina, qui se révolte contre Dieu puisqu'Il le récompense, croit-il, de sa victoire contre les Turcs par le suicide de sa femme adorée, à la suite d'une fausse nouvelle, et trouve en Mina une sorte de réincarnation de cette femme morte quelques siècles auparavant. Et Mina l'aime. Chez STOKER, elle est victime de l'envoûtement du comte, qui se sert d'elle, ne l'aime pas, et la femme du comte n'est même pas mentionnée, sauf erreur, ou de façon très secondaire (il faudrait vérifier). En tout ca, la connexion n'est pas faite.

    Très bon bouquin (500 pages mais qui s'avalent). Les fans d'horreur ou de fantastique se doivent de lire cela, de la même façon qu'ils auraient tort de ne pas lire le classique de Mary SHELLEY, créatrice de Frankenstein, qui était paru chez Folio (Classique Jeunesse ou  Jeunesse tout court). Le film de BRANNAGH suivait respectueusement le livre (il me semble), jusqu'à la fin dans les glaces du pôle. Excellent film, par ailleurs.

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