DES HOMMES ET DES DIEUX de Xavier Beauvois (2010)

Film de Xavier Beauvois (2010)

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C’est sans doute parce que je suis profondément athée et de toutes façons pas catholique, mais ce film m’a profondément agacée de bout en bout. Alors oui, Cannes, César, 3 millions de spectateurs - essentiellement en France, je pense, car quiconque ne connaît pas l’affaire des moines de Tibhirine trouvera ce film totalement sans intérêt. C’est basé sur des faits réels, c’est donc une fiction, mais qui voudrait être un documentaire. Il semblerait que le réalisateur ait cherché l’authenticité au maximum.

A part Michael Lonsdale, qui est juste parfait et très juste, comme toujours, c’est très mal joué. Surtout Lambert Wilson. On le voit carrément penser: Ouah, qu’est-ce que je joue bien... Je suis un homme profond, humain et bon

Quant à l’histoire, je suis parfaitement consciente qu’il s’agit de faits réels, il n’est donc pas question de reprocher au scénario ni sa faiblesse ni son incohérence. J’avais seulement envie de m’arracher les cheveux tout le long. Il est question d’une jeune femme qui s’est fait poignarder parce qu’elle ne portait pas de foulard. Frère Christian (Lambert Wilson) prend son air bouleversé N° 7 et dit «Nous allons prier pour Samira». La belle affaire, on sera bien avancé. Plus loin, c’est un chef islamiste qui est mort. Frère Laurent prie intensément devant le cadavre de celui qui semait la terreur dans la région. Il ferait sans doute de même devant le cadavre d’Hitler ou de Pol Pot, car l’homme pieux est bon, il pardonne. Les moines se savent menacés, mais refusent une protection militaire. On les invite, on les exhorte à quitter le pays. Ils refusent, car les gens d'ici ont besoin d’eux. Les gens ont surtout besoin de leur dispensaire, un des frères est médecin. Ils n’ont aucun besoin d’une bande de bonzes qui prient dans le désert, au propre comme au figuré. Ils ont choisi de rester pour des motifs tels que l’amour du Christ, ma foi est mon rempart, la volonté de dieu et d’autres conneries du genre. Faut-il alors s’étonner que ce qui devait arriver arriva?

Vers la fin du film, une scène de 10 minutes environ, une sorte de Sainte Cène où les moines boivent du vin en écoutant Le lac des cygnes de Tchaïkovski. Ils pleurent, ils rient, ils sont émus, Lambert Wilson exhibe les visages profond, digne et humain N° 12, 6 et 27 respectivement. Le choix de la musique est vraiment bizarre, mal assorti, carrément dérangeant. On dirait qu’on veut nous faire croire qu’ils savent que cette nuit-là que les islamistes vont venir les chercher.

L’histoire vraie est absolument tragique, je le reconnais, l’assassinat des moines de Tibhirine était une barbarie inhumaine et parfaitement inutile. Ce film prouve a) que dieu n’existe pas, puisqu’il a laissé massacrer des hommes pieux qui avaient choisi de consacrer leur vie à chanter ses louanges et à prier pour sanctifier son nom et b) que la religion rend con (les moines qui restent dans un pays en pleine guerre civile et les islamistes qui tuent des gens qui pourraient éventuellement les guérir). On ne sait pas encore qui a tué les moines, cela pourrait être une bavure de l’armée algérienne. Le film ne se prononce évidemment pas sur la question.

Au bout de deux heures, je me suis demandé: et alors quoi?

Voici unarticle de quelqu’un qui, comme moi, ne partage pas l’émotion unanime autour de ce film, je me sens un peu moins seule. («son ambiance curtonneuse»? Je connaissais sulpicien, mais curtonneux...). C’est vrai que les honneurs vont au thème et non pas à la cinématographie, car il y a des longueurs et des successions de plans un peu incohérentes.

Alors les paris sont ouverts:

LvT a adoré.
Paz et Colqhoun ne l’ont pas vu.
Yavin n’a pas fait de fiche parce qu’il était encore à l’école quand le film est sorti.

Je l'ai vu et c'est mon film préféré sorti en 2010.

Voici une autre dimension à cette sombre histoire, un reportage de Canal+

Ce seraient les autorités algériennes qui auraient tout machiné, car les islamistes maquisards allaient se faire soigner au monastère. On comprend alors mieux pourquoi Frère Christian a refusé la "protection" de l'armée, qui n'aurait, en réalité, servi qu'à surveiller les allées et venues au monastère. Le film cherche à rester très proche des faits - par exemple, les propos enregistrés par les moines en détention sont repris à l'identique - mais omet par ailleurs plein de choses et de ce fait, bien des passages restent incompréhensibles. Comme tout au début: "Ils ont tué les Croates!!" Quels Croates? C'est quoi, ces Croates?

Ce sont ceux qui se font tuer sur le chantier, sauf erreur.
La scène est rapide, mais on comprend que les islamistes sont déterminés.

Bridget a écrit: Ce film prouve a) que dieu n’existe pas, puisqu’il a laissé massacrer des hommes pieux qui avaient choisi de consacrer leur vie à chanter ses louanges et à prier pour sanctifier son nom et b) que la religion rend con (les moines qui restent dans un pays en pleine guerre civile et les islamistes qui tuent des gens qui pourraient éventuellement les guérir).

Deux des raisons qui font du film une oeuvre toute sauf religieuse et toute sa force. Je ne pense pas que Xavier Beauvois cherche l'empathie de ses personnages (fa filmographie le prouve très clairement). Il prends ses spectateurs à témoins sans ne jamais faire en sorte qu'ils s'identifient aux protagonistes de son récit.