par Mitchell Lun 18 Mar - 21:21
Difficile de parler du film, un peu comme There Will Be Blood il y a cette radicalité qui empêche tout jugement à chaud, en tout cas dans mon cas.
J'ai eu l'impression que Anderson coupait définitivement le cordon avec toutes les filiations (plus ou moins évidentes) de ses précédents films : Scorsese sur Boogie Nights, Altman sur Magnolia ou encore Kubrick sur There Will Be Blood. Mais depuis trois films, il semble creuser exactement le même sillon. On évoque, forcément, son précédent film à l'aune de ce Master et pour de bonnes raisons : musique de Greenwood dissonante, mise en scène très sèche, narration elliptique au rythme pas forcément évident. Mais il me semble qu'on oublie vite que beaucoup de choses étaient déjà présentes dans Punch-Drunk Love. En soit The Master tient autant du drame que Punch-Drunk Love de la comédie romantique.
The Master déjà, ne me semble prendre le sujet de la "Cause" que comme toile de fond à un sujet beaucoup plus intimistes. PTA, bien évidemment, parle toujours de filiation, mais The Master c'est surtout une histoire de dépendance. PTA dynamite d'ailleurs fréquemment certaines lignes narratives qui semblent pointer leur nez (les enfants de Lancaster notamment, esquissés), pour mieux se concentrer encore et toujours sur cette dépendance Freddy / Lancaster. Contrairement à son titre, la dépendance n'est pas unilatérale, Freddy a beau être manipulé, il accepte cette manipulation et au final, Freddy en sort apaisé, là ou Lancaster semble enfermé dans sa création. Il dit d'ailleurs à Freddy lors de leur dernier échange, quelque chose comme "si tu peux vivre librement et sans maître fait-le", qui peut résonner à la fois comme une ultime tentative de garder Freddy au sein de la cause (il tente de le convaincre que personne n'y parvient), et comme une réponse sincère à un ami à qui l'on souhaite "bon vent".
Mais The Master, comme ses deux films précédent, est aussi un film étrangement drôle, dans lequel les obsessions sexuels de Freddy génère autant de malaise que d'humour décalé. Il y a là une patte, quelque chose qu'on ne peut rapprocher à aucun autre cinéaste, PTA ne fait pas un cinéma bourré de trous pour le plaisir d'avoir l'air intelligent, pour donner l'impression d'être grand parce qu'il fait du cinéma exigeant. Il a trouvé sa rythmique, la petite musique interne de son cinéma qui n'appartient à personne d'autre, et pour la première fois celle-ci semble dégraisser de tout le reste.
Alors le film n'est pas facile et certainement pas parfait, mais la tension sourde m'a fasciné, certaines séquences m'ont simplement bouleversée, le duo principal est au delà des mots, pour moi, au delà du mimétisme, PTA demande énormément à ses 2 acteurs et ceux-ci le rendent au centuple. The Master, pour terminé, est un film en sourdine, un film moins gigantesque que son précédent et pourtant plus radicale. Là où There Will Be Blood jouait sciemment sur la difformité perverse des relations entre ses 3 personnages principaux, pour en faire sortir une sorte de monstruosité, entre le grand-guignole et le malaise, The Master est un film plus lumineux, moins bestial, apaisé.
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