par LvT Lun 21 Fév - 13:49
TRUE GRIT
Après avoir approché le western par la bande à plusieurs reprises (O Brother, Where Art Thou? et No Country For Old Men), les frères Coen le tutoient de manière brillante avec True Grit, qui, plus qu'un remake du film réalisé en 1969 par Henry Hathaway avec John Wayne, lui valant son unique Oscar, est une nouvelle adaptation du roman de Charles Portis. Les frères surdoués du Septième Art nous livrent un long métrage en forme de tragicomédie dont ils sont les seuls à détenir la recette. Il ne faut donc pas s'attendre à un exercice de style hommage au genre comme l'avait fait Sam Raimi avec Mort ou Vif, mais à une œuvre beaucoup plus maline et profonde, qui dépasse largement son propos originel de la vengeance.
Les Coen utilisent les codes du western sans les dénaturer, mais sans non plus les magnifier, ils se les approprient comme les ingrédients de leur propre cuisine. On a droit à de longues scènes dialoguées, comme celle magnifique qui introduit le personnage de Jeff Bridges. Les combats à l'arme à feu sont réduits à leur plus simple expression. On a même l'impression que le film pourrait être une pièce de théâtre classique avec ses grands actes et changements de décors, grâce à la linéarité rigoureuse de leur récit, une habitude récurrente dans ce genre américain par excellence.
Comme souvent dans le cinéma des deux frères, on sent ici, plus qu'une sympathie, un véritable amour pour leurs personnages et, à l'instar du dicton, qui aime bien châtie bien, ils réussissent une fois encore une galerie d'êtres humains complexes dont ils ne se gênent aucunement à souligner les défauts autant que les qualités. Dans leur dernier né, il mettent en avant, de manière à la fois comique et touchante, la religiosité de ces hommes de l'Ouest sauvage qui, quand ils sont à court de paroles, citent la Bible en désespoir de cause, comme dans cette séquence mémorable de joute verbale entre Jeff Bridges et Matt Damon, qui se disputent le fait de savoir lequel d'entre eux est le meilleur tireur. D'ailleurs, le compositeur Carter Burwell, fidèle complice des Coen, orchestre sa partition en se basant sur des cantiques religieux et le résultat est saisissant, donnant au film une aura quasi mystique.
Puis il y a aussi ces instants à la limite du surréalisme chers aux cinéastes, comme ce pendu accroché à presque dix mètres du sol ou cet homme ours qui surgit de nulle part. Dans le fond, True Grit est une parabole magistrale sur la vieillesse et le temps qui passe inexorablement, la fin d'une ère, mais sans jamais verser dans la facilité de la nostalgie. Cerise sur le gâteau, ce film nous fait découvrir la jeune Hailee Steinfeld qui campe un personnage de jeune fille intègre et décidée. Il faut la voir prendre les choses en mains quand elle roule, en deux temps trois mouvements, les cigarettes d'un Jeff Bridges mollasson et aviné. Elle est simplement renversante.
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