‘Me souviens mal des six ou sept films de BOYLE que j’ai vus, de « la Plage » un peu mieux, qui m’avait laissé le souvenir d’un film sur la naïveté et l’inconscience, lesquelles se confrontent avec le réel (après « Titanic » où Jack apparaissait comme exactement le contraire, i.e. comme un héros mûr, n’hésitant pas à se sacrifier, le pari était audacieux pour Léonardo). On peut voir un peu la même problématique ici. On dira : pas étonnant puisqu’il est connu que les musiciens refont sans arrêt la même symphonie, les romanciers le même roman, etc. Dans « 127 heures », il y a autre chose, en même temps.
Les remarques de LvT sur quelques effets faciles ou agaçants sont pertinentes, mais peuvent facilement se mettre ou être mises sur le compte du point de vue de la caméra subjective très souvent adopté par BOYLE (au point que le personnage s’auto-filme, ce qui souligne ce choix du réalisateur) : encore ce paradoxe qui veut que le plus autocentré, le plus nombriliste, réussisse à atteindre l’universel*. Deux aspects à ce choix : on voit par les yeux d’un jeune homme assez inconscient pour mal mesurer les risques qu’il court, et dont la vie est rythmée un peu comme un clip ; mais aussi, nous pouvons, nous, en même temps, mesurer le courage du même personnage qui a assez de force pour filmer ce qui sera peut-être sa lente agonie, et … se charcuter. Beau courage, belle inconscience, ou stupidité (puisqu’il a négligé toute précaution avant son accident et qu’il ne renonce à rien après)?
La mise en images de cette ambivalence, avec une certaine logique, m’a-t-il semblé, n’est pas seule digne d’intérêt. L’originalité de ce film m’a paru être que BOYLE montre les affinités entre l’horreur, le plaisir et l’exploit. Les trois sont montrables et, ô combien, cinématographiques. On les a cependant rarement ainsi associés. Mais, par ailleurs, est-ce pour autant un film ? La pauvreté assumée du filmage (comment faire autrement ?), certaines scènes confinant au remplissage, si on veut être sévère, mais qui se justifient par le dérèglement de l’esprit qu’on ne peut pas ne pas vivre dans cette situation –encore un coup de la caméra subjective-, cela, au moins, fait basculer, en même temps qu’évidemment on reste dans le film, avec ses partis pris, fait basculer, donc, dans la reconstitution documentaire, le réel, par conséquent. La réussite de BOYLE est peut-être en ceci qu’il nous fait marcher sur une frontière : que pouvons-nous attendre du cinéma ? Qu’a-t-il à voir, ce réel, avec l’horreur, le plaisir, l’exploit, l’histoire? Pas mal de choses, justement : presque tout, dans l’horrible mésaventure de la personne Aron, coïncide avec les règles du récit, telles qu’on les apprend au collège. BOYLE brouille les pistes, enchevêtre les lignes**, met aussi le spectateur au fond du trou en même temps que dans sa poche.
*’m’a toujours épaté, ce truc
**du lard ou du cochon, ce film dans le film ou dans le doc ? Ou ce doc dans le film ? D’ailleurs l’auto-film d’Aron est-il un film ou un doc ?
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