Cette production germano-iranienne s'ouvre sur Hunting Bears de Radiohead, superbe solo de guitare de deux minutes qui colle à merveille au personnage principal, interprété par le réalisateur en personne, Rafi Pitts. Il incarne un ouvrier cariste qui vit avec sa femme et sa petite fille. Ali Alavi mène une existence tranquille rythmée par son travail et sa famille. Régulièrement, il s'échappe en partant chasser seul dans les alentours montagneux de sa ville. Là il se repait de ces instants qui n'appartiennent qu'à lui. Un jour, en rentrant d'une de ses escapades, il ne retrouve pas son épouse et son enfant. Il les cherche partout en vain. Très vite l'effroyable nouvelle lui parvient comme un coup de massue: elles sont mortes dans une manifestation à laquelle elles ne participaient pas, foudroyées par des balles perdues. Comme on lui apprend que l'on ne sait pas si les tirs provenaient de la police ou des manifestants, il choisit son camp et se met en chasse d'un nouveau gibier, des policiers. Pris en chasse, il se retrouve poursuivis par deux d'entre eux dans la forêt.
The Hunter débute comme un drame de société et s'achève par une longue séquence qui tient presque du film de survie. Rafi Pitts fait preuve d'une grande audace autant dans son intrigue que dans sa mise en scène pour esquisser une peinture originale de son pays. Il diffère singulièrement de ses collègues cinéastes qui utilisent plutôt l'allégorie et la poésie, en abordant les aspects de son que l'on nomme le film de genre. Evitant à tout prix et de manière judicieuse l'esthétisme, il filme de façon très réaliste dans des paysages brumeux d'automne qui donne à son long métrage une touche terne et morne, à l'image de son pays. Il campe un personnage ambigu qui prend les armes pour appliquer sa propre justice, en lui insufflant toute la détresse qui le pousse dans ses derniers retranchements, mais n'en fait pas un être suicidaire. Ce tour de force plonge alors le spectateur dans une situation très délicate, car sans excuser l'attitude d'Ali, il le comprend. Le malaise qu'il procure fait de The Hunter un film fort et important.
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