PERFECT MOTHERS de Anne Fontaine (2013)

Synopsis : Inséparables depuis le premier âge, Lil et Roz vivent en parfaite osmose avec leurs deux enfants, deux jeunes garçons à la grâce singulière et qui semblent des prolongements d’elles-mêmes. Les maris sont absents. Inexplicablement, et pourtant comme à l’évidence, chaque femme se rapproche du fils de l’autre, nouant avec lui une relation passionnelle.
A l’abri des regards, dans un Eden balnéaire presque surnaturel, le quatuor va vivre une histoire hors norme jusqu’à ce que l’âge vienne mettre un terme au désordre. En apparence, du moins...


Je suis une grande admiratrice du cinéma d'Anne Fontaine, et la bande annonce de ce film m'avait interpellée : une histoire étrange, voire malsaine, avec de superbes actrices, dans un décor de rêve... Etait-ce bien de la même Anne Fontaine dont il était question ? Mais comme je suis très curieuse, je suis allée voir ce film, avec néanmoins quelques réticences, quelques inquiétudes. J'en suis sortie très impressionnée par ses qualités innombrables. J'ai lu, ça et là, quelques critiques, écouté un magazine soi-disant spécialisé dans le cinéma, j'en ai discuté avec quelques personnes de mon entourage, mais je reste encore sur ma faim, car, selon moi, ce film possède tant de qualités qu'il en est presque inépuisable. Ainsi, je me suis inscrite ici, afin de pouvoir en discuter avec quelques-uns, si c'est bien le but de ce forum. ( par avance, pardon si je ne respecte pas le format demandé, j'ai lu les instructions avec attention, mais je suis parfois un peu lente pour comprendre les règles des forums, n'étant pas spécialement habituée au système ).

J'ai vu le film. J'en suis ressorti mitigé, pas vraiment bouleversé par le résultat bien que la thématique est intéressante.

Le gros points forts du film reste sa distribution, en particulier les deux personnages féminins interprétés par Robin Wright et Naomi Watts. Elles y sont formidables d'intensité. Après, le reste prête plutôt à rigoler, malgré le drame qui se joue à cause des deux fistons bellâtres, gravures de mode, qui m'ont plus fait sourire qu'autre chose. Dommage car le sujet aurait pu s'élever davantage qu'à cette pseudo intrigue sentimentale anecdotique. Cela ne m'a ni choqué, ni interpellé. Une fois vu, le "malaise" se dissipe très rapidement.

Il y a un côté très voyeuriste dans cette histoire. D'ailleurs, bien avant que l'intrigue démarre réellement avec Robin qui couche avec le fils de l'autre, on est en mode "attente"; les spectateurs suivant le film juste pour voir cette coucherie qui semble glauque. Tout converge vers cette finalité qui se révèle finalement comme un duo d'histoires d'amours assez "banales". Bien sûr, les révélations et autres "chocs" dûs à ces relations sont attendues. Il n'y a pas de réelles surprises. Devait-on d'ailleurs s'y attendre? Le film semble vouloir initier un débat sur les sentiments amoureux mais qui n'aura jamais vraiment lieu car il n'y a rien de "contre-nature" dans ce méli-mélo.

Du coup, je m'attarde principalement sur le plaisir du jeu des actrices, qui visiblement ont dû bien s'amuser durant le tournage. Le décor est paradisiaque et la maison sublime. Belles images. Mais tout ça pour ça?

lucy brownie a écrit:Je me permets de continuer sur ce film, puisque j'ai lancé... Je suis d'accord avec ce côté voyeur, mais pas avec l'idée que les spectateurs attendent de voir la coucherie, qui est justement, selon moi, très intéressante par sa quasi absence.

Il faut bien faire patienter les spectateurs.
Je trouve que le film prête à sourire car il faut bien gentiment créer une attraction entre ses personnages et là on rentre dans les clichés souriants avec les bellâtres musclés, qui s'amusent sur la plage en faisant du surf. Les corps ruisselants de gouttes d'eau, se séchant au soleil... Parfois, je me suis demandé si ce n'était pas une comédie. Je n'arrive pas vraiment à comprendre les motivations des deux jeunes hommes pour leurs partenaires féminines. On évoque le sentiment amoureux mais rien n'est vraiment explicité pour le rendre suffisamment crédible. La passion semble davantage venir du côté des femmes alors qu'elles ne sont pas vraiment séduites par leurs "garçons".

lucy brownie a écrit:Je trouve qu'on est plus en position de voyeur en se demandant comment elles vont s'en tirer psychologiquement, car on se doute qu'il va se passer quelque chose de désagréable, justement à cause de cette liaison contre nature, doublement consommée.

Tu trouves qu'il y a quelque chose de "contre nature"? Vraiment?
Je ne crois pas, vu que les deux femmes se disent elles-mêmes qu'il n'y a rien de mal dans cette relation. C'est juste qu'elles se connaissent depuis longtemps et de les voir fréquenter leurs enfants génère un léger malaise mais qui n'a pas lieu d'être. C'est davantage le regard des autres qui gênent réellement. Après, c'est l'effet "cougar" avec des jeunes qui couchent avec des femmes d'expérience. Le "désagrément" est tout de même prévisible, non? Des jeunes qui fricotent avec des "vieilles", forcément à un moment les "gamins" voudront goûter aussi à la jeunesse après avoir goûté à l'expérience.

lucy brownie a écrit:J'ai beaucoup aimé ce film et l'aspect paradisiaque ainsi que la beauté des personnages me l'a rendu encore plus malsain. Je n'arrêtais pas de m'imaginer la même histoire, dans une banlieue un peu moins riante, avec des personnages plus "normaux" et je me disais qu'un tel film ne passerait pas. Je ne sais pas si j'ai été claire, je m'embrouille parfois quand je suis enthousiaste !

Je suis d'accord avec la beauté picturale du film. Difficile de faire autrement avec un décor pareil. C'est bien intentionnel d'afficher un contraste très significatif entre cette intrigue "glauque" dans une décor "ciel bleu, mer scintillante". Désir de choquer? Je ne crois pas, car le côté malsain vient plutôt de notre position de spectateur plutôt que du spectacle en lui-même. Car, encore une fois, rien d'anormale à cette situation. C'est le regard d'autrui qui tue l'amour de cette situation, non? Ils auraient pu être totalement heureux. Après, les problèmes de couples semblent parfaitement dans la norme, avec la dissipation du désir, la recherche de l'autre, etc... Banal, en fait!

Pour ce qui est d'une telle situation dans un autre contexte social, il suffit de se plonger dans les faits divers, façon "Jerry Springer Show". Ca existe. Cela en devient tellement grotesque que c'en est presque amusant. Là, cela reste très bourgeois, très propre...

lucy brownie a écrit:Bon je ne sais pas encore citer un extrait d'un message, mais je vais reprendre sur le terme "contre nature", ce n'est pas moi qui dit cela... c'est ce que sous-entend le film, au du moins les personnages féminins. Elles ont conscience de l'aspect étrange de ces relations amoureuses.

Je ne crois pas que ce soit sous-entendu dans le film. Du moins, je ne l'ai pas perçu comme cela. Les deux mères révèlent au détour d'une conversation que leurs relations intimes à chacune avec le fils de leur meilleure amie sont particulières mais en même temps elles s'affranchissent très vite en se disant qu'elles ne font rien de mal. Elles le disent clairement. Ce n'est pas comme si elles couchaient avec leur propre enfant. Rien de "contre nature", au contraire. La relation est normale bien qu'un peu déroutante du fait de l'amitié entre deux mères. C'est uniquement le regard extérieur qui distord la réalité... Et sans doute aussi celui de certains spectateurs.

lucy brownie a écrit:Je ne connais pas le Jerry Springer Show, mais je sens que ça ne me plairait pas !

Je ne pense pas non plus. C'est très grand guignolesque. Mais le fond, finalement, est carrément similaire. C'est juste un peu plus maîtrisé, plus réfléchi dans le long-métrage d'Anne Fontaine.

lucy brownie a écrit:J'aime bien les films très bourgeois, très propres ... en apparence, ça me fait penser à Chabrol.

En apparence, oui. J'aime beaucoup ce que fait Chabrol. Son cinéma est plus percutant, plus perturbant que celui-ci. En apparence, PERFECT MOTHERS l'est aussi, mais finalement je trouve que c'est surtout "beaucoup de bruit pour rien!".