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    "Beauty", d'Oliver HERMANUS (2011)

    marrou
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    "Beauty", d'Oliver HERMANUS (2011) Empty "Beauty", d'Oliver HERMANUS (2011)

    Message par marrou Lun 16 Sep - 19:55

    Cet homosexuel sud-africain qui a du mal, comme d’autres hommes de son type social, à concilier son rigorisme religieux et ses habitudes de vie mondaines avec ses appétits, certes, il est impressionnant par sa carrure, sa force brute, et il marque le film. Mais 1) ce conflit entre sexe et devoir ou, si on préfère, entre pulsions et institutions, n’est pas spécialement intéressant ni neuf  2) je me demande : le film aurait-il le même impact si les choses ne se passaient pas en Afrique du Sud, et donc  n’y a-t-il pas une sorte d’intérêt ethnocentrique un peu ou très nunuche* qui vient s’interposer  entre nous et le film ?

    Le mystère, pour moi est que ce film, malgré cela, ne se casse pas la figure. Malgré aussi ce qui m’a semblé être un conformisme dans sa mise en images. Je veux dire par là que j’ai l’impression, en regardant des films récents, de voir  un peu le même film : longs plans où il ne se passe rien ou pas grand-chose, rythme convenu et trop facile à reprendre, à recopier**. Quel rythme ? Lent, posé, clair dans son découpage ; mais inhabité si ce n’est par la présence écrasante du personnage principal ; inabouti aussi*** (les ficelles qui forment la corde du récit s’effilochent et sont assez brusquement coupées, un peu étrangères à la petite totalité de l’oeuvre), peu fidèle, d’ailleurs au trouble profond, violent, du personnage principal.

    Analyse, non :  très modeste essai d’analyse. Reste l’impression, le ressenti, qu’on oublie parfois ou souvent. Le film, pas forcément pour de bonnes raisons, frappe sec et peut marquer le spectateur, m’a eu en tout cas. Il m’a surtout fait me demander s’il n’y a pas une sorte de nouveau type de narration, sur lequel pas mal de films ont tendance à s’aligner, et qui peut faire penser qu’il existe peut-être aujourd’hui  une sorte de Table des Commandements, qui rappelle celle du vieil Hollywood qui préférait le formatage à l’originalité. Mais je ne sais pas trop.


    *Souvenons-nous de nos classiques : ces homosessuels, comme disait Zazie, sont-ils si persans que cela ? Ou plutôt, puisque MONTESQUIEU, si mes souvenirs ne me trompent pas, avait réussi à chambouler toutes les perspectives et à nous faire nous regarder nous-mêmes comme des sujets d’ethnologie, y a-t-il de quoi s’étonner du phénomène, aujourd’hui ? (sauf que les deux scènes de sexualité, très fortes, impressionnantes et consternantes, placent les choses ailleurs que dans le champ de la normalité ou dans ce que beaucoup considèrent comme normalité)

    **Je ne sais pas d’où est parti le réalisateur mais ce film semble plus fait à partir d’une nouvelle qu’à partir d’un roman, d’un long récit. Or étendre à partir d’un récit souvent rudimentaire, souvent  lui-même extension d’une remarque sans grande importance, d’une pulsion, d’une révulsion, est plus difficile, sans doute, que de concentrer l’abondant matériau d’un roman. La fondation n’est pas la même, et il faut autre chose que l’essai de création d’un rythme pour arriver à faire un film vraiment convaincant

    *** dans une critique du film, je lis que le réalisateur laisse le spectateur avec ses questions. Je veux bien, mais j’ai un peu tendance à voir là une facilité ou une concession à des tics narratifs modernes (si modernes que cela ? Il me semble que d’illustres prédécesseurs, en littérature, il y a longtemps, très longtemps, ont exploré les séductions ou tâté les possibilités  de la discontinuité narrative)

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