On peut partir d’un propos d’Elizabeth TAYLOR : « Washington et Hollywood sont les plus grandes escroqueries de la planète. », ou de WELLES, sur le cinéma: « C’est le plus beau train électrique qu’un garçon ait jamais eu.». Cela n’épuise certes pas le sujet mais il faut garder ces remarques, que chacun a pu se faire, dans un coin de la tête.
Ce n’est pas commode d’échapper à la fascination de ce jeu*. Tout le monde y joue: spectateurs et réalisateurs, les premiers plutôt naïvement, les seconds de façon souvent plus ambivalente. « Drums Along the Mohawk », très bon « eastern » (l’action se passe à la fin de la guerre d’indépendance contre les Anglais, la conquête de l‘ouest n‘étant pas encore à l‘ordre du jour), ne manque pas de jouer de cette ambivalence, mais c’en est une fausse. Il y a de bons Indiens et des Indiens ivrognes et idiots manipulés par les Anglais. Mais même les bons Indiens, sous la figure d’un seul personnage qui est plutôt niais, sont, par une déduction inconsciente du spectateur, présentés comme ravis de céder leurs terres, et FORD réussit à nous faire croire que cette conquête de l’est s’effectue sous leur bénédiction (cf le ou les « Hallélujah » du bon Indien). Alors, il nous propose un beau jouet (magnifique technicolor), mais il y va un peu fort. On est, en 1939, très loin des doutes des années 50 ou 60. Mettez des chapeaux ridicules et souriez. Nous vous prenons tout et nous nous chargeons du reste**.
Ce n’est pas pour autant que ce film soit seulement politiquement curieux, pour nous aujourd’hui. Il l’est, mais il est avant tout un spectacle, avec des stars, et des scènes de bravoure (castagne entre l’employeuse du couple et les Indiens, ou poursuite finale de FONDA par trois Indiens, peu crédible, d’ailleurs, puisque les Indiens devaient être de fameux coureurs), un rythme et des habitudes narratives fordiennes (danse, personnages pittoresques). D’ailleurs, est-ce même un eastern? En 39, on peut prévoir ce que sera l’avenir proche, et l’espèce d’unanimité qu’on voit dans le film est de celles qui font l’Histoire: film historique, image de ce qui se prépare, bien plutôt que de ce qui s’est passé lors de la guerre d’indépendance (très intéressant, à la fin, de remarquer que les drapeaux à côté du drapeau américain tout neuf, sont français, me semble-t-il, mais on ne peut en être sûr): appel à l’union nationale, aux valeurs du pays. Splendides couleurs pour une belle, belle escroquerie.
Pour la bonne cause. Mais on ne joue pas tellement au train que cela, dans ce classique. Le jeu est sacrément sérieux.
*Feu Ben Laden adorait, paraît-il, les films d’action américains. Il est d’ailleurs probable qu’outre dans un polar de je ne sais plus qui, les organisateurs de l’attaque du 11/09 aient trouvé leur inspiration dans le « Escape from New York » de CARPENTER, où, on s’en souvient, on voit un avion de ligne s’écraser, de par la volonté des terroristes, dans un immeuble de NY.
**ce qu’il … en reste
Ce n’est pas commode d’échapper à la fascination de ce jeu*. Tout le monde y joue: spectateurs et réalisateurs, les premiers plutôt naïvement, les seconds de façon souvent plus ambivalente. « Drums Along the Mohawk », très bon « eastern » (l’action se passe à la fin de la guerre d’indépendance contre les Anglais, la conquête de l‘ouest n‘étant pas encore à l‘ordre du jour), ne manque pas de jouer de cette ambivalence, mais c’en est une fausse. Il y a de bons Indiens et des Indiens ivrognes et idiots manipulés par les Anglais. Mais même les bons Indiens, sous la figure d’un seul personnage qui est plutôt niais, sont, par une déduction inconsciente du spectateur, présentés comme ravis de céder leurs terres, et FORD réussit à nous faire croire que cette conquête de l’est s’effectue sous leur bénédiction (cf le ou les « Hallélujah » du bon Indien). Alors, il nous propose un beau jouet (magnifique technicolor), mais il y va un peu fort. On est, en 1939, très loin des doutes des années 50 ou 60. Mettez des chapeaux ridicules et souriez. Nous vous prenons tout et nous nous chargeons du reste**.
Ce n’est pas pour autant que ce film soit seulement politiquement curieux, pour nous aujourd’hui. Il l’est, mais il est avant tout un spectacle, avec des stars, et des scènes de bravoure (castagne entre l’employeuse du couple et les Indiens, ou poursuite finale de FONDA par trois Indiens, peu crédible, d’ailleurs, puisque les Indiens devaient être de fameux coureurs), un rythme et des habitudes narratives fordiennes (danse, personnages pittoresques). D’ailleurs, est-ce même un eastern? En 39, on peut prévoir ce que sera l’avenir proche, et l’espèce d’unanimité qu’on voit dans le film est de celles qui font l’Histoire: film historique, image de ce qui se prépare, bien plutôt que de ce qui s’est passé lors de la guerre d’indépendance (très intéressant, à la fin, de remarquer que les drapeaux à côté du drapeau américain tout neuf, sont français, me semble-t-il, mais on ne peut en être sûr): appel à l’union nationale, aux valeurs du pays. Splendides couleurs pour une belle, belle escroquerie.
Pour la bonne cause. Mais on ne joue pas tellement au train que cela, dans ce classique. Le jeu est sacrément sérieux.
*Feu Ben Laden adorait, paraît-il, les films d’action américains. Il est d’ailleurs probable qu’outre dans un polar de je ne sais plus qui, les organisateurs de l’attaque du 11/09 aient trouvé leur inspiration dans le « Escape from New York » de CARPENTER, où, on s’en souvient, on voit un avion de ligne s’écraser, de par la volonté des terroristes, dans un immeuble de NY.
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