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    SUR LA PISTE DES MOHAWKS (Drums along the Mohawk) de John FORD (1939)

    marrou
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    Message par marrou Lun 30 Sep - 9:16

    On peut partir d’un propos d’Elizabeth TAYLOR : « Washington et Hollywood sont les plus grandes escroqueries de la planète. », ou de WELLES, sur le cinéma: « C’est le plus beau train électrique qu’un garçon ait jamais eu.». Cela n’épuise certes pas le sujet mais il faut garder ces remarques, que chacun a pu se faire, dans un coin de la tête.

    Ce n’est pas commode d’échapper à la fascination de ce jeu*. Tout le monde y joue: spectateurs et réalisateurs, les premiers plutôt naïvement, les seconds de façon souvent plus ambivalente. « Drums Along the Mohawk », très bon « eastern » (l’action se passe à la fin de la guerre d’indépendance contre les Anglais, la conquête de l‘ouest n‘étant pas encore à l‘ordre du jour), ne manque pas de jouer de cette ambivalence, mais c’en est une fausse. Il y a de bons Indiens et des Indiens ivrognes et idiots manipulés par les Anglais. Mais  même les bons Indiens, sous la figure d’un seul personnage qui est plutôt niais, sont, par une déduction inconsciente du spectateur, présentés comme ravis de céder  leurs terres, et FORD réussit à nous faire croire que cette conquête de l’est s’effectue sous leur bénédiction (cf le ou les « Hallélujah » du bon Indien). Alors, il nous propose un beau jouet (magnifique technicolor), mais il y va un peu fort. On est, en 1939, très loin des doutes des années 50 ou 60. Mettez des chapeaux ridicules et souriez. Nous vous prenons tout et nous nous chargeons du reste**.

    Ce n’est pas pour autant que ce film soit seulement politiquement curieux, pour nous aujourd’hui. Il l’est, mais il est avant tout un spectacle, avec des stars, et des scènes de bravoure (castagne entre l’employeuse du couple et les Indiens, ou poursuite finale de FONDA par trois Indiens, peu crédible, d’ailleurs, puisque les Indiens devaient être de fameux coureurs), un rythme et des habitudes narratives fordiennes (danse, personnages pittoresques). D’ailleurs, est-ce même un eastern? En 39, on peut prévoir ce que sera l’avenir proche, et l’espèce d’unanimité qu’on voit dans le film est de celles qui font l’Histoire: film historique, image de ce qui se prépare, bien plutôt que de ce qui s’est passé lors de la guerre d’indépendance (très intéressant, à la fin, de remarquer que les drapeaux à côté du drapeau américain tout neuf, sont français, me semble-t-il, mais on ne peut en être sûr): appel à l’union nationale, aux valeurs du pays. Splendides couleurs pour une belle, belle escroquerie.
    Pour la bonne cause. Mais on ne joue pas tellement au train que cela, dans ce classique. Le jeu est sacrément sérieux.

    *Feu Ben Laden adorait, paraît-il, les films d’action américains. Il est d’ailleurs probable qu’outre dans un polar de je ne sais plus qui, les organisateurs de l’attaque du  11/09 aient trouvé leur inspiration dans le « Escape from New York » de CARPENTER, où, on s’en souvient, on voit un avion de ligne s’écraser, de par la volonté des terroristes, dans un immeuble de NY.

    **ce qu’il … en reste
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    Message par Colqhoun Lun 30 Sep - 20:21

    Bon souvenir de ce joli film en technicolor. Henry Fonda, encore très jeune, dégageait déjà beaucoup de charisme, dans cette histoire de survie en territoire hostile.
    Un peu plus tôt la même année, Ford signait son western séminal Stagecoach, qui lui mettait en scène un John Wayne lui aussi très jeune et peu farouche.
    Deux oeuvres qui, chacune à leur manière, ont annoncées la carrière immense qui allait suivre et qui, de fait, restent assez indispensables, car tout le talent de metteur en scène de Ford y explosait déjà (le mec avait déjà une carrière longue comme le bras au temps du muet faut dire).
    marrou
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    Message par marrou Mar 1 Oct - 5:54

    Ton parallèle WAYNE/FONDA met sur …une piste: il faut de tout pour faire un FORD. C’est vrai pour la plupart d’entre nous, bien sûr, mais avec FORD (ou HERGé ou BALZAC, etc), on a cela sous les yeux: au moins trois figures  qui monopolisent l’attention: FONDA, la rigueur -même si elle peut mener à des désastres-, l’élégance, l’honnêteté; STEWART l’ambiguïté, la nonchalance, la parole qui envahit presque l’espace de l’écran -alors que FORD préfère montrer, faire cogner, faire danser*- tu rappelles son passé dans le muet--; WAYNE est un peu à part: on en compte au moins trois: celui qu’on connaît, celui que tu mentionnes: réservé, partagé, généreux, celui que les cinéphiles sont aujourd’hui un peu seuls à se rappeler: le naïf géant du début de carrière monté sur … Duke, son cheval blanc, et qui gravissait lentement les échelons vers les hauteurs d’Hollywood, quitte à jouer mécaniquement dans  des films de production courante (il faut bien apprendre le métier, se faire connaître)**.

    Grands astres. Et puis, il y a  les satellites secondaires, les projections peut-être moins envahissantes (mais qu’est-ce qu’un personnage secondaire? Le plus important, pas seulement le diable, est dans les détails, ce qu’on considère trop souvent comme de petites choses): les Ward BOND, Woody STRODE, par exemple, et … les femmes qui, chez FORD, sont très très loin de se ramener à un type, qui occupent une fausse seconde place dans ses films et font se demander si le cinéma de l’auteur de « Stagecoach» n’est pas aussi celui d’un faux (faux, encore) macho, qui comprenait les femmes mieux que des cinéastes qui n’ont pas sa réputation de dur. Planètes, lunes, lunes, planètes: largement de quoi être soi, confortablement, dans sa complexité,  de faire son monde, un monde,  et de nous y inviter (si nous payons notre ticket d’entrée!).

    * »The Man Who Shot Liberty Valance » montre bien cette opposition action/parole
    ** dans peut-être ses plus beaux rôles, WAYNE  renoue avec son passé deuxième période: hésitant, plus bavard (relativement!) que d’ordinaire, plus friable (cf dans je ne sais plus quel film, « Rio Grande » peut-être, quand le colonel met ses lunettes pour lire la dédicace du cadeau offert par ses hommes lors de son départ à la retraite)

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