Etant sans doute le plus vieux sur ce forum, j’ai de plus en plus de mal à m’orienter dans les films récents. Si je compare, par exemple, mes impressions après avoir revu « the Tall Men » (« les Implacables*») de WALSH, immense classique, comme chacun sait, complexe mais pas compliqué ni ambigu, et celles que le film de SKOLIMOVSKI a provoquées en ma pomme, je me demande si c’est moi qui décroche ou si je ne dois pas m’y mettre, i.e. ne plus attendre quelque chose qui soit fabriqué avec des recettes de Mémée.
Ce serait d’ailleurs bien naïf de croire que le cinéma n’a pas bougé depuis WALSH, HAWKS ou d’autres. Mais tout de même, les vieilles recettes continuent, qu’on le veuille ou pas, à influer sur nos impressions ou nos jugements, et, oui, c’est sans doute sous cette forme que cette demande de repères joue encore, nous voulons de la netteté, même si nous savons que rien n’est net, blanc ou noir. Un film comme celui-ci, qui prend en compte la complexité mais qui en fait quelque chose de compliqué ou d’indécidable, est fidèle à la réalité mais, en tant que spectateurs, nous pouvons le trouver frustrant. ‘Ne peux m’empêcher de le comparer à un autre film de guerre, « Démineurs » de K. BIGELOW, qui, je crois, avait suscité des polémiques mais qui m’avait paru à la fois net, complexe et non-manichéen**, et je trouve, malgré une certaine générosité du film de SKOLIMOVSKI, ce dernier film moins intéressant que le premier, même s’ils jouent tous deux un peu sur le même fond thématique : pour qui prendre parti dans un conflit de ce type ?
Jeu entre la complication et la netteté. Certains films arrivent à s’accommoder de la difficulté de la conciliation, d’autres, même s’ils jouent sur les symboles (cheval blanc à la fin, à l’encolure rougie par le sang du moribond), les oppositions tranchées et faciles (soldats américains légers au point, pendant leur mission, de fumer de l’opium ( ?) et de téléphoner à leur copine, là-bas, au pays, cela d’un côté, et de l’autre les visions familialo-religieuses du fugitif), d’autres films, donc, s’empêtrent et réussissent à simplifier dans la complication (il faut le faire !), sans pour autant forcément convaincre ni laisser une trace forte dans l’esprit du spectateur. La clé, ce mélange réussi entre une narration moderne et le juste-ce-qu’il-faut-de clarté, cette clé n’a pas été trouvée ici, m’a-t-il semblé.
*encore un titre français ridicule. On n’est pas obligé d’être ridicule, et d’ailleurs, il y a de bons titres français. Surtout, c’est d’autant plus incompréhensible qu’il n’y a rien d’implacable dans ce film, au contraire : c’est plutôt une ode à la mesure.
**il ne me semblait pas du tout apologétique mais disait clairement la vertigineuse folie d’une spécialité militaire, quelle que soit l’armée à laquelle on appartient
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