yavin a écrit:LvT a écrit:Marrant, avec l'avènement d'internet, ses réseaux sociaux et ses blogs en tout genre, comme la presse a tendance à devenir l'équivalent du café du commerce d'il y a vingt à trente ans en arrière. J'en veux pour preuve l'info sur la désagréable aventure de Gérard Depardieu dans l'avion Paris-Dublin. Un problème très peu sympathique de prostate qui oblige l'intéressé à ne pas se retenir d'uriner et, comme on lui refuse l'accès aux toilettes de l'avion, à se soulager dans une bouteille en plastique en débordant un peu (témoignage d'Edouard Baer présent sur les lieux, lu dans Le Matin), devient Depardieu, en état d'ébriété, urine sur la moquette de l'avion (journal TV du soir sur M6 et relayé dans le zapping de Canal+ du lendemain). Est-ce que vraiment l'information peut être relayée par n'importe qui? Je trouve cela très inquiétant. On ne vérifie plus ses sources et on balance tout et n'importe quoi uniquement pour être les premiers à l'avoir fait, pour créer le fameux "buzz", l'un des nouveaux mots les plus horribles créé ces dernières années.
La problématique à laquelle tu fais référence fait largement débat dans le milieu journalistique. La déontologie veut que l'on ne s'abreuve pas d'info sur les réseaux sociaux, mais la pression du "buzz" et de la primeur, veut que l'on passe outre. L'audimat et le nombre de clics priment. Et, comme me le disait un journaliste de la RTS, l'autre jour: dans un tel cas, si tu laisses passer l'info par doute (manque ou absence de sources fiables), dans l'heure qui suit, ton chef t'appelle pour te retendre les bretelles. La pratique veut désormais que l'on se rue sur l'info au plus vite. Et, dans le cas où celle-ci serait erronée, on se fend d'un rectificatif miséreux. Les cas se succèdent et la presse en prend pour son grade, mais on ne tend pas à une amélioration. Les rédactions voient leur foreces diminuer, le public veut de l'info gratuite et immédiate, ajoutez-y la pression des éditeurs, qui tablent sur des résultats financiers, positifs bien entendu, à chaque exercices comptables.
Résumé implacable. C'est tout à fait ça, et ça me fait littéralement VOMIR. Dans mon école de journalisme bien privée, bien sélective, bien chère (je pense être la seule à bosser pour payer cette école seule), je sens déjà ce clivage qui consiste à mettre les journalistes "ultra connectés" d'un côté, et ceux qui restent de la vieille école comme on dit, ceux qui respectent la déontologie envers et contre tous. Ceux qui, comme moi, défendent une profession de référence, qui défendent le professionnalisme. Un bon journaliste ne se voit jamais, ne se ressent jamais dans ses écrits. Il doit être le plus effacé possible. Aujourd'hui, c'est complètement l'inverse, le journaliste devient presque une star parce que, comme vous dites, il a sorti ce fameux "buzz". Ca y est, j'ai de l’urticaire.
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