Pas la peine de faire appel à Robert MUSIL pour se rappeler que "c'est toujours la même histoire". Celle de "Jubal" a déjà été racontée de nombreuses, très nombreuses fois. Dans ce beau film-là, on a quelque chose qui fait qu'on n'est pas dans la mille et unième fois mais dans une oeuvre plus vaste. Les nombreux échos bibliques n'y sont pas pour rien. Mais des analogies ou des rapprochements rapides et faciles ne suffisent pas. Faciles aussi et aussi insuffisants les découplages de ce western qui emprunte des scènes au genre auquel on le fait appartenir (dressage d'un cheval rétif et duel au pistolet, vidé, par sa répétition textuelle, de sa substance) mais louche très fort du côté (doù le mot de "découplage") de la tragédie amoureuse. N'y aurait-il que cela, ce serait déjà très bien mené et impressionnant, si on fait abstraction du reste.
Mais il y a le reste. Non seulement, ce n'est pas une simple histoire d'amour contrarié (il y en a deux, ou trois, même), mais ce sont de très fortes histoires d'amitié et de haine (que les unes et les autres soient menées de front avec cette simplicité et cette efficacité n'est pas si fréquent). C'est aussi une belle étude de la manipulation des groupes par une forte personnalité (magnifique incarnation de la jalousie et de la mauvaise foi dans le personnage de Pinky par Rod STEIGER*). Savoir conférer à ses figures à la fois tellement de présence et leur donner en même temps un "drapé" qui les place au rang du type, de la silhouette abstraite, tout le monde ne peut pas réussir cela. Je lis dans un petit dico du cinéma qu'on a reproché souvent à DAVES** de sombrer, sur la fin, dans le mélodrame. Là, avec ce film, on n'est pas à la fin de la carrière de DAVES, mais on voit ce qui peut en faire juger ainsi (avis que je ne partage pas). Facile de faire de l'équilibre sur le fil du mélo alors qu'on croit être sur celui de la grandeur, si je comprends bien. Et "la Flèche Brisée"? Et SIRK qui rend le mélo sublime? Tout est possible, que DAVES ait dérapé, se soit cassé la figure. Pas ici, en tout cas.
Et dans le reste, n'oublions pas le pessimisme radical de certaines scènes (enfance de Jubal), et celui de la réplique d'un des personnages ("Quelquefois, je me dis que c'est insulter le Seigneur que de dire qu'il a créé l'homme") à opposer et associer avec l'utilisation rigoureuse des paysages (pureté des monts, des ciels, des eaux, alternant avec des plans plus tourmentés aux moments dramatiques).
* splendide création de BORGNINE, aussi
**à l'exception, notamment, de TAVERNIER
(vu très récemment sur TCM; devrait passer encore)
Mais il y a le reste. Non seulement, ce n'est pas une simple histoire d'amour contrarié (il y en a deux, ou trois, même), mais ce sont de très fortes histoires d'amitié et de haine (que les unes et les autres soient menées de front avec cette simplicité et cette efficacité n'est pas si fréquent). C'est aussi une belle étude de la manipulation des groupes par une forte personnalité (magnifique incarnation de la jalousie et de la mauvaise foi dans le personnage de Pinky par Rod STEIGER*). Savoir conférer à ses figures à la fois tellement de présence et leur donner en même temps un "drapé" qui les place au rang du type, de la silhouette abstraite, tout le monde ne peut pas réussir cela. Je lis dans un petit dico du cinéma qu'on a reproché souvent à DAVES** de sombrer, sur la fin, dans le mélodrame. Là, avec ce film, on n'est pas à la fin de la carrière de DAVES, mais on voit ce qui peut en faire juger ainsi (avis que je ne partage pas). Facile de faire de l'équilibre sur le fil du mélo alors qu'on croit être sur celui de la grandeur, si je comprends bien. Et "la Flèche Brisée"? Et SIRK qui rend le mélo sublime? Tout est possible, que DAVES ait dérapé, se soit cassé la figure. Pas ici, en tout cas.
Et dans le reste, n'oublions pas le pessimisme radical de certaines scènes (enfance de Jubal), et celui de la réplique d'un des personnages ("Quelquefois, je me dis que c'est insulter le Seigneur que de dire qu'il a créé l'homme") à opposer et associer avec l'utilisation rigoureuse des paysages (pureté des monts, des ciels, des eaux, alternant avec des plans plus tourmentés aux moments dramatiques).
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