SECRET DE FEMME (A Woman's Secret) de Nicholas Ray (1949)

Un inconnu aborde un jour le grand écrivain dans la rue en lui demandant s'il est bien BORGES, lequel répond :"Parfois." . On pense à cela en mettant en parallèle certains cinémas et le cinéma américain, ou certains films (beaucoup?, la plupart?) de la production dans le monde* et la plupart des films américains.  Plus précisément, il me semble qu'il y a une particularité des acteurs américains. Très difficile à exprimer: ils sont à la fois eux-mêmes (??!!) et le personnage. Double épaisseur, double cuir. S'imposent doublement? D'où l'aura internationale du cinéma américain?

C'est frappant dans ce film sans doute moins connu de  RAY. Quelle densité des personnages dits secondaires! Le scénario ménage le suspens (mais on ne voit pas trop bien pourquoi le personnage de la chanteuse qui  a perdu sa voix s'auto-accuse) même si cette espèce de rachat est un mécanisme général qui ne suffirait pas pour donner de l'épaisseur au film. Ce sont plutôt les relations de l'inspecteur avec le pianiste, celles de la femme de l'inspecteur avec son mari, l'emportement de l'ancien marine,  la fragile superficialité de la chanteuse victime de l'accident presque mortel, c'est tout cela** qui donne son charme à cette oeuvre un peu moins célèbre de RAY. RAY ou l'art de fracturer les personnages, d'entrer chez quelqu'un?



*et Dieu sait qu'il  y a plein de cinémas nationaux qui valent le coup et qu'on connaît si peu!
**en même temps qu'une très belle photo NB très contrastée, creusée, plutôt