Mankiewicz continue de m'impressionner par son écriture démente, superbe narration et dialogue aux petits oignons, le tout soutenu par l'élégance et le rythme de la mise en scène. Très peu de temps mort, des dialogues tour à tour d'une tension sourde (Oscar qui vends Hollywood à Maria, la plupart des dialogues de la dernière partie) ou tout bonnement jubilatoire (la fabuleuse joute entre Bravano et Edwards), ses personnages fascinants, que ce soit Bogart malgré son aspect stéréotypé, le gentiment dérangeant comte Torlato-Favrini ou bien sûr la magnifique Ava Gardner (quel rôle!), c'est un de ces films de superlatifs, tant la maîtrise est éclatante du début à la fin du film.
J'aurais cependant un ou deux écueuils, le premier étant autant une de ses plus grande qualité que son plus gros défaut, le film est très très verbeux. Ce qui fait que les pistes de réflexion mise en avant son constamment discutées, formulées, expliquée soit dans les dialogues, soit en voix-off. Du coup si le film est plutôt riche en thème et passionnant dans ce qu'il raconte (cette star subite qui n'est plus chez elle nulle part, le thème de cendrillon, le regard amer sur les studios et les producteurs), il a tellement tendance à tout pointer du doigt que les réflexions personnelles que pourraient amener le film s'amenuise au fur et à mesure. Ca n'empêche pas que le film conserve beaucoup d'élément de fascination dans les thèmes qu'il aborde, mais il y aurait eu de quoi élaguer un peu certains éléments en voix off notamment (malgré l'écriture et ce sens du verbe fabuleux). Le deuxième écueil serait peut-être quelques flottements dans sa partie centrale ou le rythme est mis à mal et où l'on peine parfois à savoir ou Mankiewicz entraîne le spectateur.
Voilà pour les 2 petits problèmes que m'ont posé le film, le reste, ce n'est que du très grand cinéma, Mankiewicz me confirmant une fois de plus qu'il fait parti du plus grand. Et puis ce qu'il parvient à faire de son personnage titre, sans aucun cynisme, sans aucune cruauté, autant dans la tragédie pur que dans la délicatesse du traitement, ça m'a soufflé.
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