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    SOUDAIN, L'ÉTÉ DERNIER (Suddenly, Last Summer) de Joseph L. Mankiewicz (1959)

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    SOUDAIN, L'ÉTÉ DERNIER (Suddenly, Last Summer) de Joseph L. Mankiewicz (1959) Empty SOUDAIN, L'ÉTÉ DERNIER (Suddenly, Last Summer) de Joseph L. Mankiewicz (1959)

    Message par Mitchell Lun 23 Sep - 21:06

    SOUDAIN, L'ÉTÉ DERNIER (Suddenly, Last Summer) de Joseph L. Mankiewicz (1959) 39887

    Etonné de ne pas voir Mankiewicz crédité à l'adaptation de cette pièce de Tennessee Williams. D'ailleurs ce dernier aurait nié avoir travaillé à cette adaptation, pourtant il est crédité au screeenplay avec Gore Vidal. J'avoue en ressortir assez déçu, je crois qu'il s'agit de la première adaptation de Williams que je voit, il y a beaucoup de chose passionnante dans ce film, les thèmes abordés sont ultra adultes malgré la censure de l'époque (homosexualité voir pédophilie suggérée, l'explication de la mort de Sebastian, la mère castratrice), le film est d'une noirceur presque total et le climat est étouffant. Mais s'il y a bien une ou deux séquences vraiment fortes (la fin principalement), l'adaptation est à mon avis plus magnifiée par ses acteurs que par le travail de Mankiewicz. Jolie photo, mise en scène élégante, mais je trouve le découpage un peu lourdingue, avec des longues scènes de dialogues parfois rébarbatives qui n'ont pas toujours réussie à retenir mon attention. Le premier dialogue avec Hepburn, il y a des choses magnifique dedans (la description des bébé tortues dévorées sur la plage), mais l'excès d'Hepburn rends la scène assez pénible, au point d'être impatient de passer à autre chose.

    L'excès d'Hepburn fonctionne cependant bien par la suite, mais c'est surtout Taylor qui dévore l'écran, déjà elle est d'une beauté à tombé, en plus son personnage est très attachant et touchant. Peut-être le seul personnage vraiment touchant du film, Clift lui est un fantôme qui traverse le film avec une égale distance bizarre, apparemment il était très mal en point lors du tournage, mais quelque part cet espèce d'indifférence fonctionne parfaitement.

    Pour finir, il y a effectivement beaucoup de qualités dans ce film troublant, mais au final le film m'a assez peu touché, j'ai eu l'impression qu'on brassait pas mal d'air dans certaines scènes alors qu'il y aurait eu moyen de rendre beaucoup de situations bien plus fortes. Le rythme en dent de scie n'aide pas vraiment.

    Après Five Fingers, Sleuth, Eve et The Barefoot Comtessa, c'est sans problème le film qui m'a le moins convaincu de son auteur (en même temps, à part Eve sur lequel je serais moins définitif, les autres sont des immenses films).
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    Message par Etheroman Lun 23 Sep - 21:43

    C'est un peu difficile pour moi de participer là dessus. Je crois que ça dépasse mon niveau de culture. Je suis plus Souviens-toi, l'été dernier que Soudain, L'été dernier. teeth
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    SOUDAIN, L'ÉTÉ DERNIER (Suddenly, Last Summer) de Joseph L. Mankiewicz (1959) Empty Re: SOUDAIN, L'ÉTÉ DERNIER (Suddenly, Last Summer) de Joseph L. Mankiewicz (1959)

    Message par Mitchell Lun 23 Sep - 23:44

    Etheroman a écrit:C'est un peu difficile pour moi de participer là dessus. Je crois que ça dépasse mon niveau de culture. Je suis plus Souviens-toi, l'été dernier que Soudain, L'été dernier. teeth
    Tu n'est pas très branché "vieux" films? Le film n'a rien d'obscure ou de difficile d'accès, il s'agit d'un drame psychanalytique en quasi-huis clos plutôt intéressant.
    Je ne te conseillerais pas forcément celui-ci pour commencer avec Mankiewicz, si tu est un peu allergique à la naphtaline tu peux déjà tenter Sleuth / Le Limier avec Michael Caine et Laurence Olivier, adaptation d'une pièce, huis-clos à nouveau, immense film jouissif d'un bout à l'autre avec 2 comédiens au sommet. Mon préféré du monsieur avec 5 Fingers (L'affaire Cicéron), une histoire d'espionnage pendant la 2ème guerre avec James Mason, tirée de fait réelles, je pourrais en parler mais j'alignerais encore une fois les superlatifs. Et si ça peut te motiver, c'est du cinéma d'une sacré modernité, ça n'a pas vieilli du tout à mes yeux.
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    SOUDAIN, L'ÉTÉ DERNIER (Suddenly, Last Summer) de Joseph L. Mankiewicz (1959) Empty Re: SOUDAIN, L'ÉTÉ DERNIER (Suddenly, Last Summer) de Joseph L. Mankiewicz (1959)

    Message par Etheroman Mar 24 Sep - 1:40

    Il est vrai que je n'ai pas passé beaucoup de temps à regarder ce genre de films. Ceux que j'ai pu voir m'ont pourtant souvent plu. Je ne suis donc pas fondamentalement allergique. Je crois que c'est surtout que je choisi la facilité et que je regarde moins de films qu'avant.

    Sinon, j'adore 12 hommes en colère!
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    Message par Colqhoun Mar 24 Sep - 1:56

    Mankiewicz, encore un mec à la filmo longue comme le bras et dont je n'ai strictement rien vu.
    J'ai pas mal honte, parce que je dois avoir au moins 2-3 de ses films en dvd.
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    Message par LvT Mar 24 Sep - 2:00

    Longue comme le bras? 23 films dont un doc et un téléfilm, ce n'est pas la mer à boire. J'ai dû en voir un peu moins de la moitié.
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    Message par Colqhoun Mar 24 Sep - 2:07

    51 scénarios, 23 réalisations.
    Ouais, c'est plutôt long.
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    Message par Mitchell Mar 24 Sep - 2:40

    Colqhoun a écrit:Mankiewicz, encore un mec à la filmo longue comme le bras et dont je n'ai strictement rien vu.
    J'ai pas mal honte, parce que je dois avoir au moins 2-3 de ses films en dvd.
    Tiens tu as quoi ?
    J'ai encore récupérer A Letter To Three Wives, The Ghost and Mrs Muir et There Was A Crooked Man. J'aimerais beaucoup découvrir Jules César et Cléopatre mais les 2 me font un peu peur (surtout le second et ses 5h30 en director's cut).

    Bon et personne ne l'a vu celui-ci ?
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    Message par marrou Mar 1 Oct - 9:03

    Tombé sur ce fil ou plutôt les réponses récentes. Le problème est toujours le même: nous ne voyons pas les mêmes films. Donc, difficile de se rencontrer.

    Le film avec CLIFT et  E TAYLOR, vu il y a très longtemps, m'avait laissé le souvenir de quelque chose d'assez ennuyeux et ne m'a jamais donné envie de revenir faire un tour chaque fois qu'il repassait. Est-ce que parce que la psychanalyse et le cinéma n'ont pas forcément toujours fait bon ménage? Parce que Monty* CLIFT avait trop d'intensité (c'est, je crois, ce que disait KAZAN, en le comparant avec DEAN et BRANDO, lui trouvant plus de force que les deux autres, comme s'il avait abusé de la formation Actor's Studio), bouffant plus le film que l'écran**? Parce que, à l'époque où j'avais vu le film, il me semblait avoir mal vieilli, déjà? Parce que j'avais trouvé Liz TAYLOR limite énervante, même si son personnage supposait trouble et tension? Impossible de répondre: il faudrait avoir vu ou revu le film récemment.

    Parce qu'on change tellement d'avis avec soi-même! Le dernier MANKIEWICZ que j'aie revu ("le Reptile" ("There Was a Crooked Man")), que je me faisais un plaisir de revoir à cause des FONDA/DOUGLAS, de MANKIEWICZ lui-même, charmeur, intelligent, subtil, généreux et cultivé, tout cela à mettre au superlatif, m'a un peu déçu. Ze m'esseplique: souvenir d'une construction diabolique en double manipulation, alors qu'il n'y en a qu'une (celle du prisonnier sur ses codétenus). Mais c'est sans doute une erreur de perspective de ma part: l'étude des mécanismes de pouvoir à l'intérieur d'une prison, il faut la replacer dans l'époque où tout cela n'était pas connu
    du grand public***. Lucidité de MANKIEWICZ, qui fait là un film moderne, roublard, pessimiste, noir mais drôle aussi, où le personnage principal est le cynisme. Quelque chose comme des travaux pratiques de moralistes français du 17ème transplantés en pays Navajo (ou Seneca).

    Pour te répondre un peu plus précisément ... non: pas tellement, peut-être, au fond: j'ai consulté un calepin où je note depuis quelques années les films que je regarde: vu 17 films de MANKIEWICZ, et, on s'en aperçoit souvent trop tôt, la mémoire n'est pas vraiment fiable: certains titres ne me disent plus rien, rien du tout, d'autres laissent une ou deux traces. Sur "Cléopâtre" (vu la version ordinaire, pas le director's cut), je me rappelle un film qui s'appuyait sur une immense star pour mettre intelligence et complexité dans le peplum: il osait, MANKIEWICZ osait, faire entrer le spectateur dans les arcanes de la politique antique: pas de muscles, mais des forces en présence animées par le contrôle du pouvoir, matérialisées ou plutôt incarnées par des personnages/personnes/acteurs emblématiques, lesquels ont pu attirer le public qui a sans doute été vite déçu par l'austère réincarnation de l'Histoire que le réalisateur avait filmée. C'était un problème des films à l'époque de la sortie de "Cléopâtre": on allait voir des stars, plus que des films, et on attendait des numéros. 'Impression que MANKIEWICZ a voulu se servir de TAYLOR/BURTON, dans son intelligente ambition, et qu'il a un peu trop misé sur celle (l'intelligence) du public. C'est sans doute un de ces films qu'on redécouvrira.

    Je ne comprends pas comment un cinéphile sensible et averti comme tu l'es peut être impressionné par son "Jules César". BRANDO, MANKIEWICZ (je compte pour rien Bill SHAKESPEARE!!) et tu te tâtes? Eh, je te rappelle que tu aimes DOSTOIEVSKI (il faut tout faire, ici), HUGO, et que Totor avait écrit un bouquin sur Bill. Wink 
    C'est superbe (le film), impressionnant, pas du tout écrasant, d'ailleurs dans la veine de ce que MANKIEWICZ a voulu faire avec sa "Cléopâtre", si je me souviens un peu de tout cela.

    *un pote à moi
    **CLIFT ne m'a jamais mis à l'aise, même dans la "Red River" de HAWKS, où les choses sont plutôt carrées, nettes, pas spécialement ambiguës
    ***il y a une histoire des rapports entre Hollywood et la peinture des prisons: les films sur Alcatraz (LANCASTER, EASTWOOD), le célèbre "Brubaker", peut-être plus naïf que le film de MANKIEWICZ, pour n'en citer que quelques-uns
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    Message par Mitchell Mer 2 Oct - 21:45

    marrou a écrit:Est-ce que parce que la psychanalyse et le cinéma n'ont pas forcément toujours fait bon ménage? Parce que Monty* CLIFT avait trop d'intensité (c'est, je crois, ce que disait KAZAN, en le comparant avec DEAN et BRANDO, lui trouvant plus de force que les deux autres, comme s'il avait abusé de la formation Actor's Studio), bouffant plus le film que l'écran**? Parce que, à l'époque où j'avais vu le film, il me semblait avoir mal vieilli, déjà? Parce que j'avais trouvé Liz TAYLOR limite énervante, même si son personnage supposait trouble et tension? Impossible de répondre: il faudrait avoir vu ou revu le film récemment.
    Assez d'accord pour le rapport psychanalyse / cinéma. Ca a souvent eu tendance à me gonfler, c'est une des raisons qui font qu'un film comme Marnie (et son traumatisme du rouge) ou Le Secret de Derrière La porte de Lang m'ennuie passablement. Là j'ai trouvé ça suffisamment fiévreux et étouffant pour que ça ne me pose pas de problème. C'est plus le rythme et la sensation d'être devant un film un peu vain qui m'ont déçu. Pour Clift je trouve plutôt que son jeu manque d'intensité, il semble passif durant tout le film, ce qui va bien à son personnage de spectateur, mais face à Taylor et Hepburn il est plutôt discret. Apparemment, comme je le dis dans ma critique, il était très mal en point (peu de temps après son accident, problèmes d'alcool) et Mankiewicz semble avoir utilisé ça dans le film.

    marrou a écrit:Je ne comprends pas comment un cinéphile sensible et averti comme tu l'es peut être impressionné par son "Jules César". BRANDO, MANKIEWICZ (je compte pour rien Bill SHAKESPEARE!!) et tu te tâtes? Eh, je te rappelle que tu aimes DOSTOIEVSKI (il faut tout faire, ici), HUGO, et que Totor avait écrit un bouquin sur Bill. Wink
    C'est superbe (le film), impressionnant, pas du tout écrasant, d'ailleurs dans la veine de ce que MANKIEWICZ a voulu faire avec sa "Cléopâtre", si je me souviens un peu de tout cela.
    Ah mais c'est clair que j'ai très envie de découvrir son Jules César, même si j'ai souvent entendu qu'il s'agissait de théâtre filmé et que certains trouvent le film assommant. J'avoue que je connais mal Shakespeare et que je garde un souvenir assez peu mémorable du Hamlet de Branagh par exemple (dans le genre adaptation fidèle). Mais t’inquiète, il est sur ma liste! Wink Mais de toute façon tous les films de Mankiewicz sont sur ma liste, j'aime vraiment beaucoup son cinéma. En tout cas tu attises grandement ma curiosité pour ce Jules César!
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    SOUDAIN, L'ÉTÉ DERNIER (Suddenly, Last Summer) de Joseph L. Mankiewicz (1959) Empty Re: SOUDAIN, L'ÉTÉ DERNIER (Suddenly, Last Summer) de Joseph L. Mankiewicz (1959)

    Message par marrou Jeu 3 Oct - 9:04

    En te lisant, je me relis pour voir si je n'ai pas écrit trop de bêtises. Au moins une: c'est l'inverse, que j'aurais dû dire: avec "Cléop", il a sans doute été aimanté par ce qu'il avait tenté avec son "Jules". Avoir SHAKESPEARE comme dialoguiste ou scénariste, ça ne se refuse pas (j'imagine qu'il s'est inspiré de la pièce de W SH sur l'affaire Antoine et Cléo), de s'inspirer. En tout cas, ça respirait bien, ce film, si je ne me trompe pas, et on n'y ressentait guère le sentiment que c'était du théâtre filmé*. Et puis, tu sais bien que c'est souvent un reproche un peu facile et vain: tout dépend qui fait cela (on en a eu des exemples très éloignés l'un de l'autre: le "Carnage" de POLANSKI, et, tout différent, le "Roméo+ Juliet" de LUHRMAN, que j'avais trouvé éblouissant). En revanche, pour parler de BRANAGH, j'avais vu il y a peu son "Beaucoup de Bruit pour Rien", qui m'avait semblé rempli à ras bord d'exubérance frelatée. Mais tout est bon qui peut donner envie aux spectateurs de lire ou relire.

    Tu as sans doute raison à propos de l'interprétation de CLIFT. Et c'est très intéressant. Je viens de relire le scénario résumé du film: la réserve et la retenue de CLIFT vont bien avec son statut de médecin, et j'imagine que l'art de la comédie doit, comme celui de l'interprétation, consister, entre autres choses, à savoir jouer du silence. RICHTER, avant de jouer la sonate de LISZT, comptait jusqu'à 20 sans rien faire de ses dix doigts devant un public médusé et qui commençait à angoisser: "I potom :sol"** (puisque tu connais le russe).


    *Vraiment drôle, la mémoire: ce qu'il me reste de "Cléopâtre", c'est l'incendie de la Bibliothèque d'Alexandrie, pas du tout visuelle, mais, au final, très dramatique, et la grande sobriété des décors (des intérieurs presque bourgeois), malgré les couleurs. Mais là encore, je me goure peut-être.

    **pour les non russophones: " Alors seulement: sol" (ou, plus mot à mot: "et ensuite").
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    SOUDAIN, L'ÉTÉ DERNIER (Suddenly, Last Summer) de Joseph L. Mankiewicz (1959) Empty Re: SOUDAIN, L'ÉTÉ DERNIER (Suddenly, Last Summer) de Joseph L. Mankiewicz (1959)

    Message par Mitchell Jeu 3 Oct - 19:52

    marrou a écrit:(on en a eu des exemples très éloignés l'un de l'autre: le "Carnage" de POLANSKI, et, tout différent, le "Roméo+ Juliet" de LUHRMAN, que j'avais trouvé éblouissant).
    Tout à fait et je te rejoins sur le Luhrman que j'avais adoré à l'époque. Des gens comme Polanski ou Mankiewicz justement ont se talent de parvenir a adapter du théâtre sans tomber dans le statisme du théâtre filmé (même si à ce titre j'ai été plus éblouis par la réalisation de Sleuth que celle de Suddenly).

    marrou a écrit:En revanche, pour parler de BRANAGH, j'avais vu il y a peu son "Beaucoup de Bruit pour Rien", qui m'avait semblé rempli à ras bord d'exubérance frelatée. Mais tout est bon qui peut donner envie aux spectateurs de lire ou relire.
    Son Hamlet a excellente réputation si je ne m'abuse. Je me souvient aussi de cette exubérance qui m'avait pas mal gonflée dans Hamlet. Mais je serais curieux de le revoir.

    marrou a écrit:RICHTER, avant de jouer la sonate de LISZT, comptait jusqu'à 20 sans rien faire de ses dix doigts devant un public médusé et qui commençait à angoisser: "I potom :sol"** (puisque tu connais le russe).
    Laughing Ah non on s'est mal compris, enfin je me suis mal exprimé quand je parlais des traductions de Dosto, je ne comprends absolument pas le Russe, j'avais lu justement ce que Markowicz et plusieurs autre lecteurs de Dosto en Russe disaient de son style. La comparaison, je ne l'ai faite qu'entre les différentes traductions française. teeth
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    Message par marrou Ven 4 Oct - 5:40

    Mitchell a écrit:
    Son Hamlet a excellente réputation si je ne m'abuse. Je me souvient aussi de cette exubérance qui m'avait pas mal gonflée dans Hamlet. Mais je serais curieux de le revoir.

    Les films, c'est comme les chats: plusieurs vies. Cela fait partie de leur code génétique. Vies, bien sûr, qu'ils partagent avec les spectateurs. Drôle comme certains vieillissent tout comme les spectateurs, qui les quittent comme on quitte quelqu'un: la sensation n'y est plus; et comment d'autres gardent leur fraîcheur et leur jeunesse, quand les spectateurs ont perdu les leurs: la sensation reste, même si le corps, l'expérience ont changé. Films magiques? Revu hier le vieux "Conan le Barbare". Même enchantement que lorsque le film sortait, il y a plus de trente ans. Curieux, les caboches, les films, lesquels ne font peut-être pas partie des ces choses qu'il ne faut pas revoir. C'est à s'y perdre, les rapports que nous pouvons avoir avec les films, les stars, les simples acteurs, les personnages, surtout si on envisage les choses dans la durée.

    C'était peut-être jusqu'à 30 que RICHTER comptait, finalement!! (encore plus aglagla). Surtout qu'à la fin, tu le sais peut-être, il jouait seulement éclairé par une toute petite lampe de chevet, sur scène. Sur le russe, il y avait deux manières de comprendre ton message; je n'ai pas choisi la bonne. Wink 

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    Message par mathias25 Ven 11 Oct - 1:58

    Je n'ai vu que 4 films de Mankiewicz: Guepier pour trois abeilles et La comtesse aux pieds nus, dont je ne garde pas un très grand souvenir, sinon celui d'un léger ennui. All about Eve, qui reste encore aujourd'hui un de mes trois films préférés (scénario parfait, dialogues très bien écrits, jeu d'acteurs exceptionnel, mise en scène sobre et efficace). Et puis Soudain l'été dernier.

    J'en garde un bon souvenir, surtout pour la réalisation. Je me souviens de quelques très belles scènes comme celle où Liz Taylor entre par erreur dans une pièce remplie de fous qui essaient d'attraper ses jambes.Je suis d'accord pour ce qui est de la mauvaise alchimie cinéma/psychanalyse (certains films de Hitchcock sont carrément indigestes à cause de ça), mais justement ici j'ai trouvé que ça ne nuisait pas au film et que la mise en scène du traumatisme était plus subtile que dans d'autres films de l'époque.

    En fait, ce qui a le plus vieilli je trouve, c'est cette façon de créer du suspense autour d'une névrose. Maintenant que la psychanalyse fait partie (si j'ose dire) de notre subconscient, ça paraît un peu naïf d'en faire des tonnes autour de ça. Mais là c'est un peu plus qu'une affaire de psychanalyse quand même, il y a un vrai enjeu dramatique (le lavage de cerveau de Liz Taylor) et puis la scène finale reste assez glaçante, Freud ou pas Freud. Je le conseille. Et pour les amateurs de Liz Taylor et de personnages névrosés, il y a aussi le génial Qui a peur de Virginia Woolf.


    Dernière édition par mathias25 le Ven 11 Oct - 2:03, édité 1 fois
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    Message par mathias25 Ven 11 Oct - 2:03

    Mais surtout il faut voir All about Eve!

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