LA PRINCESSE DE MONTPENSIER (Bertrand Tavernier, 2010)

Film historique se situant à l'époque des guerres de religion entre catholiques et huguenots, se terminant avec la Saint-Barthélémy, ce que je n'ai compris qu'en le lisant quelque part par après.

En effet, ce film qui est visuellement magnifique pèche par une narration défectueuse, du moins pour quiconque n'est pas incollable sur l'histoire de France. Les dernières scènes nous montrent Lambert Wilson à cheval dans des ruelles étroites - on apprend par la suite que c'est à Paris - et tout le monde s'entretue, alors que précédemment dans le film, il y a eu une trève et même la paix. Le spectateur doit savoir dans quel camps - catholique ou protestant - se trouvent Condé, Coligny, le duc d'Anjou, savoir que Catherine de Médicis était régente à la place de son fils Charles IX (merci Wikipedia) etc.

Le film narre des rapports d'amour et de passion, de mariage de convenance et de raison, quatre hommes étant fascinés par la Princesse de Montpensier: son mari, le Prince de Montpensier, le duc de Guise, son amour de jeunesse qu'elle aurait voulu épouser, le duc d'Anjou qui la trouve merveilleusement belle et Lambert Wilson, le comte de Chabannes, qui lui tient compagnie et qui l'éduque pendant que son mari est à la guerre. La Princesse - Mélanie Thierry - est merveilleusement belle et fraîche et il me semble qu'on nous dévoile ses charmes de façon un peu gratuite.

Les costumes, les châteaux, les chevaux, les décors sont magnifiques, mais j'étais constamment frustrée par le sentiment de ne rien comprendre à l'intrigue. D'autant plus que, comme c'est souvent le cas dans les films français, les acteurs articulent mal et avalent des syllabes, ce qui n'arrange rien. Un conseil donc si vous envisagez d'aller voir ce film: révisez votre histoire de France du XVIème siècle.

L'histoire d'amour est tragique et triste et, comme le dit la chanson... les histoires d'amour finissent mal, en général...

En fait, avec 48h de recul, je me dis qu'il y avait quand même de bonnes choses...

Il ne faut pas trop se focaliser sur les intrigues politiques, ce qui compte, c'est l'histoire d'amour et le fait que cette pauvre princesse a le malheur d'être si belle. Le duc de Guise la convoite, elle essaie de résister à son amour d'adolescence, elle veut être fidèle à son mari qu'elle respecte, mais le désir et la tentation sont des poisons auxquels il est difficile de résister.

Le comte de Chabannes a l'âge d'être son père, il a de la tendresse pour elle, il veut la protéger, mais il doit aussi reconnaître qu'il ne peut qu'être amoureux d'elle.

Le duc d'Anjou, une sorte de dandy qui apprécie forcément les belles choses, la trouve magnifique, mais ne rêverait pas d'y toucher et cherche aussi à la protéger de ses démons (son attirance pour le fruit défendu, le duc de Guise)

Tout ça dans de beaux châteaux, avec de beaux costumes, etc...
Une scène de bataille où j'ai fermé les yeux jusqu'à ce que n'entende plus les argh et les oumph et les chtack

J'en ai un peu discuté avec qqn qui est une descendante d'Huguenots et pour elle, l'histoire était parfaitement claire, mais elle a reconnu que ça ne devait pas être évident pour qui ne baigne pas dans cette tradition.

Il s'agit d'une adaptation d'une nouvelle éponyme de Madame de la Fayette (auteur de la Princesse de Clèves)

Un petit Tavernier, handicapé par des choix de castings un peu malheureux et un jeu généralement crispé, malgré un excellent Lambert Wilson. J'avoue quand même avoir été surpris en bien par Mélanie Thierry, même si elle n'a pas les épaules nécessaires pour le rôle. Pour le reste, très belle mise en scène de Tavernier, ample, très classe, direction artistique au poil et un récit tragique souvent passionnant. Au final ça reste un bon film, qui flirte parfois avec le très bon, malgré un certain manque d'implication.

Ma critique à l'époque: http://hattori-hanzo.over-blog.com/article-la-princesse-de-montpensier-bertrand-tavernier-2010-62927346.html