AVATAR de James Cameron (2009)

La grande classe. On est vraiment dans le film et pas uniquement sujet à se prendre des trucs dessus.

45 minutes avant le début de la séance, la salle est déjà presque pleine. Les quelques fauteuils encore libres ne le restent plus bien longtemps. Les spectateurs manipulent avec impatience leurs paires de lunettes 3D. Les minutes s’égrènent. La salle est maintenant bondée. Tout le monde est prêt. Et les lumières s’éteignent, enfin…Un message s’affiche sur l’écran, enjoignant le public à mettre les fameuses lunettes. Avatar va enfin se révéler.
Le nouveau film de James Cameron aura suscité une attente telle que la projection prendra des allures de véritable libération, tant l’impatience et les espoirs auront été nourris non seulement par la qualité des précédents films du metteur en scène, mais également par l’ambition du projet et les images diffusées sur le net.
On nous annonçait une révolution cinématographique. Non seulement c’en est une, mais Cameron balaye au passage tous les essais passés en matière de 3D au cinéma. L’utilisation du relief est ici pensée en termes de narration, et pas en termes d’effets racoleurs, le réalisateur usant du procédé pour faire naître une immersion telle que la distance séparant le spectateur de l’écran est totalement annihilée. Le monde de Pandora s’offrant à nos yeux devient palpable, physique, sensoriel. La faune et la flore, d’un niveau de détail inouï (impossible de tout percevoir tant cet univers est riche), nous enveloppent totalement, subjuguant les yeux, l’ouïe, l’épiderme, en un mot, nous imprégnant 2h45 durant.

Avatar raconte l’histoire de Jake Sully, ancien marine immobilisé dans un fauteuil roulant et envoyé sur la planète Pandora, où un groupe industriel souhaite mettre la main sur un minerai rarissime. L’atmosphère de Pandora étant toxique, le programme Avatar a été créé, permettant à des humains de lier leur esprit à l’avatar d’un autochtone de Pandora (un Na’vi). Sous cette forme, Jake reçoit pour mission d’infiltrer le peuple Na’vi, ce dernier constituant un obstacle à l’exploitation du fameux minerai. Mais sa rencontre avec la sublime Neytiri va changer le cours de son existence.

L’on pourra bien entendu voir dans Avatar une relecture de Pocahontas, mais le film va bien au-delà de la rencontre de deux êtres que tout sépare. En effet, Cameron livre avant tout une œuvre profondément animiste, tissant un lien étroit entre chaque être vivant, reliant arbres, animaux et indigènes dans une même énergie (voir ici la magnifique idée de la tresse permettant de relier les esprits), et soulignant le caractère profondément précieux de toute chose vivante. Cameron ne situe jamais son film sur le terrain de l’écologie (contrairement à ce que l’on a pu lire ici ou là). En effet, il ne livre à aucun moment de manifeste, d'étude ou de discours moralisateur, mais élève au contraire sa thématique vers la poésie pure, le mystique, la métaphysique, loin de tout substrat pédagogique ou scientifique. Le metteur en scène célèbre la vie, sa valeur, sa fragilité, et ne fait jamais tomber son récit dans la vulgarité du pamphlet facile.
Avatar s’avère également une œuvre profondément humaniste, anéantissant purement et simplement toute idée de racisme et de différence. A ce titre, la scène finale est la plus belle illustration cinématographique que l’on ait pu voir sur ce thème, représentation ultime de l’acceptation de l’autre comme son semblable.

Formellement, James Cameron reste ce réalisateur d’exception que l’on a quitté en 1997 avec Titanic, gérant ses scènes d’action comme ses séquences de dialogues avec une fluidité et une efficacité visuelles qui forcent le respect. Par ailleurs, le metteur en scène a poussé dans ses derniers retranchements la technique du perfomance capture, procédé permettant d’enregistrer grâce à des capteurs les mouvements et les expressions des acteurs pour les traiter ensuite numériquement. Les Na’vi, créés grâce à ce procédé, sont d’une véracité qui relève du jamais vu dans le genre. Impossible de déceler la moindre différence entre les personnages humains et les habitants de Pandora.

On pourra toujours reprocher à Cameron le caractère manichéen de certains points du scénario (les puissants contre les faibles, le bien contre le mal), ce serait faire bien peu de cas de la maestria avec laquelle le réalisateur les utilise pour les mener vers des cimes insoupçonnées, transcendant son postulat avec une classe visuelle et une force émotionnelle époustouflantes.

Le générique de fin défile. Les lumières se rallument. La salle applaudit. Les spectateurs enlèvent leurs lunettes, les yeux remplis d’images, le cœur débordant d’émotion, le souffle coupé et la gorge nouée.

A la question de savoir ce qu’il en est du cinéma en ce début de millénaire, James Cameron a apporté la plus belle des réponses : il ne disparaîtra jamais.

Je sors tout juste de la projection d'AVATAR.... en 2D.

J'avais décidé depuis le début que je n'irais pas le voir en 3D, gardant un souvenir de migraine et de ras-le-bol au bout de 20 minutes de ce procédé, alors sur 2h40: non merci.

Le film, donc.

Même en 2D, c'est un sacré morceau, par sa beauté et sa quasi-perfection formelle (il faut d'ailleurs que je révise ma liste des meilleurs films: quelle surprise! ) mais aussi parce que le film nous invite à assimiler une some incroyable d'informations.

Informations visuelles, mais aussi scénaristiques, ethniques, zoologiques, etc...


Alors, du coup, le film en souffre un peu sur la 2ème partie, où Cameron privilégie une intrigue simpliste, dont le moteur principal devient l'action et la baston pure et simple.

Mais sinon: bravo.

Pour moi, la qualité principale du film est d'avoir créé un monde de science-fantasy (qui mèle des éléments futuristes et des éléments de pure fantasy, les dragons et le rapport mystique à la Nature) un monde tellement crédible et convaincant qu'on s'y attache très rapidement.

Reste à savoir si celui-ci saura conquérir un large public.

Outre l'intrigue simpliste (et finalement pas convaincante dans sa logique), l'autre bémol (attendu au tournant, personnellement) réside pour moi dans le choix de James Horner à la composition.
Globalement, ça fonctionne, mais Horner ne se pose pas trop de questions quand il s'agit d'illustrer: musique martiale quand il illustre les terriens belliqueux et orchestrations exotiques (tendances africaines) chez les Na'vis.
Une once d'originalité aurait été souhaitable, mais non: ce n'est pas dans les cordes d'Horner.

C'est vraiment chouette d'avoir enfin l'avis de quelqu'un qui l'a vu en 2D. Au moins, on est fixés sur le contenu et non pas sur l'emballage "révolutioooooon 3d".

C'est plutôt réjouissant comme critique car, en voyant les bandes d'annonce, je dois être une des seules personnes en ce monde à qui ça ne donnait vraiment pas envie.

Maintenant, trouver un large public, ce sera une autre paire de manches. Le succès de Titanic était du en partie au côté "le film le plus familial de Cameron", avec reconstitution historique de luxe, images du vrai Titanic, la fièvre Leonardo di Caprio... plein d'éléments qui risquent de faire qu'Avatar ne fera pas déplacer les grand-mères de 65 ans

Igor a écrit:... plein d'éléments qui risquent de faire qu'Avatar ne fera pas déplacer les grand-mères de 65 ans

Oui, c'est un peu mon sentiment.

Le gros point de résistance est que Cameron a créé un monde de SF assez complexe et détaillé, presque sans aucune référence à la Terre. Du coup, l'ancrage humain est peut-être trop faible pour accrocher le Grand Public.

C'est un peu LA PLANETE SAUVAGE de René Laloux (1973) (pour ceux qui connaissent), pour les années 2000.
http://www.imdb.com/title/tt0070544/

BigJ. a écrit:Le gros point de résistance est que Cameron a créé un monde de SF assez complexe et détaillé, presque sans aucune référence à la Terre. Du coup, l'ancrage humain est peut-être trop faible pour accrocher le Grand Public.

C'est une des choses qui me donnent l'espoir que le film soit bon. Le peu de concessions faites.

Bonjour bonjour !

Tout d'abord, je vous prie d'excuser ma longue absence. Pas mal de changements au boulot et bcp, bcp, à faire.

J'ai pu découvrir AVATAR mercredi dernier et je dois dire que la première chose qui m'a bluffé, c'est la qualité de la 3D. On sent bien que JC a passé bcp de temps à l'élaboration de la 3D parfaite. Un vrai bonheur pour les yeux. Pour ce qui touche à l'histoire du film, on peut dire que ce n'est rien de nouveau. Mais c'est le soin porté à tous les détails, qu'ils soient au premier plan ou à l'arriere plan, qui bluffe. Cameron n'a rien laissé au hasard et ne se permet aucun écart de qualité.

Je trouve ça beau. Et c'est ce qui fait que Cameron fait mouche à chaque fois. Car c'est un obsedé de la qualité.

Après cette énorme marketing pesant m'ayant tellement gavé que j'en était au point de ne plus vouloir voir le film, je me suis quand même motivé pour la version 3D oblige et désolé pour ceux qui ce contenterons de la 2D.

Ce film est une révolution ! Cette 3D imersive m'a scotché au fauteuil pendant tout le film. Mon pauvre petit coeur d'émotif a vraiment morflé tellement c'etait beau et mon souffle s'est réellement coupé pendant certaine scène. Bref trop bon !

J'ai vraiment l'impression d'avoir passé un moment unique.

Merci James

Le mot qui me viens et qui est beaucoup répété... BEAU!

Et pour la première fois de mon existance je vais voir un film 2 fois au ciné mais pour voir la 3d

Bravo Cameron! Fais pas 6 siècles pour ton prochain film

Vey a écrit:Fais pas 6 siècles pour ton prochain film

Je crois que c'est le prix à payer pour avoir une qualité pareille.

Et De la Carpéte quand y s'noye... Combien de temps pour penser à la scène final?

Le film de Cameron déprime certains spectateurs et les pousseraient même au suicide!

http://www.cnn.com/2010/SHOWBIZ/Movies/01/11/avatar.movie.blues/index.html

On aura tout lu sur ce film

Lionel Baier [Modéré par Etheroman: correction de nom] le trouve totalitaire et Xavier Ruiz marxiste.

LvT a écrit:Xavier Ruiz marxiste.

J'en croyais pas mes oreilles.

Réjouissez-vous, il y aura peut-être une suite...

J'ai entendu dire qu'il y aurait au moins déjà deux histoires de prêtes. Information que je n'ai pu vérifier nulle part.

Des pourparlers sont en cours pour remettre Avatardans les salles dans une version allongée de 10 minutes environ. L'engouement n'est donc pas prêt de s'éteindre.

Ouaaaaah, dix minutes! Ca va changer tout le film! Faut absolument que je retourne en salles!!!

Spoiler:

Ils vont VRAIMENT ressortir le film pour 10 minutes de plus?

J'irai voir, bien entendu!

Vu récemment un long doc sur l'engagement sincère de CAMERON pour l'écologie* (je ne vois pas ce qu'un type comme CAMERON aurait à gagner à jouer la comédie). Je ne me lasse pas de revoir ce film (la version longue vaut la peine aussi), et cet aspect me semble s'imposer. Petite divergence avec une excellente analyse dans les contributions précédentes.

Ce n'est pas le seul aspect, et une des réussites du film est le dosage de ses composantes: difficile de respecter le public tout en l'émerveillant, et de jouer sur tant de registres avec tant de naturel. Le roman d'apprentissage de Jake, qui, d'élève, devient professeur, chef -pas si banal-, apprentissage avec ses degrés vertigineux de difficulté, se greffant sur une autre extraordinaire prise de contrôle de l'imaginaire du spectateur, que l'image met face à ses projections intimes les plus primitives et les plus merveilleuses (voler, communier avec des animaux, leur parler, devenir ces animaux -le lien-), s'entant sur une épopée guerrière de défense, s'enrichissant de l'exploit mythologique, presque, du domptage de Toruk Makto** (magnifiquement combiné avec la reconquête de sa fiancée), tout cela, d'autres choses encore***, il fallait le réussir.

Ce sacré bonhomme, CAMERON, est un magicien équilibriste, peut-être équilibriste avant tout avec l'attention et la sensibilité du spectateur, qu'il donne l'impression de s'approprier. Déja dans "Titanic", au moment où Rose, à la fin, grimpe sur le bastingage du bateau de recherche, on se dit : "Non, elle ne va pas rejoindre Jack, pas après tout ce temps, ce serait ridicule, pas ça!". Mais elle laisse tomber le bijou, et le possible grotesque se transforme en sublime: fort, vraiment fort.

*construction inepte de barrage en Amazonie
** toute la séquence, y compris jusqu'à la mobilisation des autres tribus, je ne sais pas vous, mais moi, je n'y résiste jamais
*** l'inscription de ces éléments à l'intérieur du cadre SF, notamment.

Après avoir papoté hier du film avec quelqu'un, éprouvé l'envie de le rererererevoir, et ai accédé aux bonus (un mauvais réglage antérieur m'avait fait croire qu'il n'y avait qu'une VF: démoralisant), sur la grande édition en 3 DVD. Deux mots.
1) le film lui-même m'a paru faire une part très importante aux femmes, laquelle m'avait échappé lors de mes premiers contacts avec l'oeuvre (rôle de Neytiri*, de sa mère, du professeur, de Trudy: rien de faire-valoir). Les hommes, exception pour Jake, sont, au contraire, assez nettement négatifs.
2) les bonus* font se poser une question intéressante: on se dit d'abord que ces scènes supprimées auraient alourdi inutilement. Puis, après, on se demande: n'auraient elles pas plutôt enrichi la version retenue à laquelle certains ont pu reprocher une forme de simplification? On peut se dire, de façon générale, que le simple est le plus difficile à atteindre. Ici, difficile de statuer, si on aime ce film et qu'on en veut toujours plus, surtout si c'est intelligemment fait et si cela épaissit les personnages.

* cf les images de la fin où Neytiri, après avoir sauvé Jake, femme/mère/Terre -je sais, c'est un peu convenu, mais ça passe bien- le fait accéder à une autre vie, définitivement
** entre autres: grand vrai duel Jake/ Tsu'Tey; jalousie de Norman (il s'appelle bien Norman?), le spécialiste qui a son avatar, aux ébats amoureux duquel on peut assister très brièvement, peut-être avec Trudy, si j'ai bien vu; initiation finale dangereuse de Jake à la civilisation de la tribu de Neytiri, tribu sur laquelle on en apprend bien plus. Pas encore tout vu.

PS: vu fin des scènes non-retenues. Il y a notamment deux scènes pour lesquelles on peut se dire qu'elles n'auraient sans doute pas apporté grand-chose, au contraire (à la différence d'autres): deux prises de pouvoir (employés scientifiques qui prennent parti armes à la main pour la défense du peuple de Neytiri, et, à l'inverse, Wainfleet* qui vire le patron du projet (celui qui joue au golf). C'est vrai que cela occasionne de légers hiatus, mais qui ne sont pas gênants (exemple: au nom de quel critère sélectionner les humains, en certain nombre, qui restent sur Pandora? Logiquement pour les récompenser de leur prise de position en faveur des "sauvages". Sinon, je ne vois pas).

Sur ce même DVD bonus, plein de choses intéressantes sur tout le monde dont s'est entouré CAMERON pour faire le film, toute la genèse du projet et de la réalisation. Un détail parmi plein d'autres: savez-vous combien de temps il a fallu pour créer les extraordinaires ikrans (banshees)**? Deux ans!!!!!

*pouf pouf: Wainfleet est un militaire subalterne. Il s'agit du grand méchant Quaritch, celui qui promet à Jake de lui faire récupérer ses jambes

** les aigles-reptiles volants que les guerriers comment faut-il dire: domptent, apprivoisent, conquièrent une fois pour toute la vie (ah, toute la séquence dans laquelle Jake approche et maîtrise le sien, une des plus belles du film!!)