Lors d'une mission de réparation sur le satellite Hubble, les débris d'un satellite russe touchent la navette et propulsent les deux astronautes Ryan Stone (Bullock) et Matt Kowalski (Clooney) dans le vide.
Garanti sans spoilers
Il y a 7 ans, le réalisateur mexicain envoyait dans les salles Children of Men. Plans-séquence ultra ambitieux, propos désabusé et force des images en faisaient l'un des grands films de ce début de 21e siècle. Depuis, il n'avait plus rien réalisé pour le cinéma. Un cinéaste économe, qui, après une première partie de carrière tâtonnant dans plusieurs directions (pour livrer au passage le meilleur film de la saga Potter), semble avoir trouver sa voie. Celle d'un cinéma techniquement avant-gardiste, se reposant sur un scénario solide et à même d'offrir une expérience de pure immersion au spectateur. Children of Men atteignait cela à quelques reprises durant le film, notamment lors de cette mémorable scène de guerrilla urbaine. Quant à Gravity, c'est le film tout entier qui immerge le spectateur, et ce jusqu'au générique de fin.
Le plan-séquence inaugural de 15 minutes donne le ton. Sortie de routine dans l'espace qui se transforme, en l'espace de quelques secondes, en survival définitif. L'immersion est totale, la 3D nous propulse dans le vide, la musique génère des palpitations cardiaques, les mains se crispent (ma femme m'a littéralement broyée la main pendant une bonne partie du film) et nous tournoyons dans l'espace avec Sandra Bullock, sans rien comprendre à ce qui vient de se passer. Le ton est donné. La suite s'annonce éprouvante. Et elle l'est. Le réalisateur et son équipe ont fait le pari de livrer un film spatial crédible, qui puisse happer totalement le spectateur sans jamais relâcher la tension. Et on pourrait presque croire à une forme de sadisme tant il y a peu de moments où Gravity nous laisse respirer. Je cherche, depuis que le film s'est terminé, un point de comparaison, un autre film qui aurait pu m'offrir de telles sensations. Mais il m'est tout simplement impossible de trouver quoi que ce soit qui pourrait rappeler ce que j'ai vécu ici. Les sons dans l'espace n'existent pas. Seuls ceux des deux astronautes, leurs battements de coeur, leur respiration, le mouvement de leurs membres, se font entendre. L'angoisse est démultipliée. Et lorsque l'on croît toucher à une forme d'espoir, la catastrophe s'abat à nouveau. Supplément de stress, folie des images. Non seulement les effets spéciaux, tétanisants, ont su ici se faire oublier, mais ils servent constamment les efforts d'un réalisateur plus que jamais maître de lui-même, pour nous amener à vivre ces 90 minutes en compagnie de ces deux êtres perdus dans l'immensité galactique. Si près de la Terre et pourtant si loin. Interprétés avec beaucoup de sensibilité par une Sandra Bullock en état de grâce et un George Clooney fidèle à lui-même. Certes, d'aucun diront que leurs péripéties sont invraisemblables (et sur un plan géostationnaire, elles le sont), mais qu'importe, car leurs réactions sont à la mesure de cet environnement rendu totalement crédible.
Gravity ne cherche jamais l'originalité dans le récit, même s'il réussit, à quelques reprises, à se jouer de certaines conventions pour mieux recentrer notre attention. Cette histoire de survie ne se veut pas film de science-fiction, mais film spatial. Un long-métrage qui va aller sonder nos peurs primordiales (du vide, de la solitude, de la mort) et les faire vibrer sans discontinuer jusque dans son ultime plan qui donnera au titre toute son importance. Gravity pose un nouveau jalon dans l'histoire du cinéma. Un jalon dont la perfection technologique sert totalement cette histoire simple et solide et n'oublie jamais de considérer le spectateur avec intelligence. Une oeuvre matricielle qui, si elle n'invente pas un genre nouveau, propose une approche visuelle et sensorielle (quasi) inédite, garantissant le grand frisson. Bref, Gravity, c'est de la bombe.
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