UN PROPHETE de Jacques Audiard (2009)

J'ai compris, tu en a marre de moi.

Mais du coup, je comprend mieux ton point de vue avec ce dernier poste.

Tu te dis que Audiard a montré une "bonne prison" et que donc il condamne en quelque sorte ses personnage comme des losers qui ne savent pas saisir les chances qu'on leur donne. Je pense qu'en fait, il n'insiste pas trop sur le côté hardcore des prisons pour éviter que cela passe au premier plan et que ses personnages passent au second plan. C'est un film plus proche de Scarface que de Gomorra (que je n'ai pas vu).

On va pas faire un débat sur les prisons ici (sujet par ailleurs très intéressant) mais, en effet, pour ma part, je ne pense pas que ce système appliqué dans beaucoup de pays est adéquat. D'où notre désaccord. D'ailleurs, si le film avait été comme tu t'y attendais à la base, je ne l'aurais probablement pas aimé.

Encore, une preuve que les sensibilités conditionnent la manière dont nous interprétons un film.

Merci pour cet échange

LvT a écrit:

Bridget a écrit:Ce film est acclamé par l’intelligentsia parisienne, parce qu’il est signé Audiard, alors qu’il aurait très bien pu être sponsorisé par le Front National.

Faux procès totalement injustifié et encore moins étayé.

Je n'ai pas voulu relever

Etheroman a écrit:J'ai compris, tu en a marre de moi.

Mais jamais de la vie
Où lis-tu que j'en ai marre de toi?
A moins que ta remarque ne s'adresse à LvT

Et je maintiens que je trouve ce film limite raciste...

Les seuls Français-de-souche sont les matons et les prisonniers sont tous bougnoules ou Corses (j'utilise exprès ces termes non PC, parce que c'est comme ça que j'ai ressenti ce film, désolée, mais c'est mon avis et je le partage)
Il n'a pas osé faire de Luciani un beur, parce que là, ça aurait sûrement provoqué une levée de boucliers.

D'ailleurs, y a-t-il dans le cinéma français, des personnages "issus de la diversité" qui sont simplement la voisine, le prof, le client etc... au lieu d'être le gangster, la pute, le dealer, le rebelle de banlieue, etc... Comme dans le cinéma américain, où ils s'efforcent, précisément, de mettre des non-caucasiens dans des rôles positifs ou au moins normaux... ??

Etheroman a écrit: C'est un film plus proche de Scarface que de Gomorra (que je n'ai pas vu).

Pas question de prison dans Gomorra, c'est une quasi étude sur les rouages sociaux de la maffia à travers plusieurs personnages qui reprèsentent tous les échelons de la hiérarchie mafieuse.

Oui, tu as raison LVT. Je parlais du fait que Gomorra est justement une espèce d'étude. C'est ce que Bridget espérais pour Un prophète d'après ce que j'ai compris.

Où lis-tu que j'en ai marre de toi?

Tu as dis que tu voulais l'avis des autres. Tu ne dois t'intéresser qu'à moi. Moi, moi, moi!

A part ça, c'est quand même une réalité que les prisons sont peuplés par des non-caucasiens, que ce soit ici ou outre-Atlantique. Mais je ne crois pas que ce soit le propos du film.

Un billet qui parle précisément de ce qu'on est en train de dire. http://www.zerodeconduite.net/blog/index.php?itemid=18701

Merci pour cet article, qui confirme que je me suis, en effet trompée sur la marchandise...

.... parviennent à faire oublier le flou artistique qui entoure certaines situations et l'invraisemblance globale de la trajectoire du personnage principal.

Le film interroge ainsi la subjectivité des notions de réalisme ou de vraisemblance. Pas un instant dans le film on ne doute de ce que l'on nous montre. Pourtant la prison d'Un Prophète, gangrénée jusqu'au sommet par la corruption, où les mafias prospèrent, où les comptes se règlent en toute impunité, tient moins du témoignage sur le milieu carcéral français que d'un pur fantasme de cinéma (le parrain des Affranchis de Scorsese préparant la pasta pour ses co-détenus) ou de série américaines (la prison-pilote de la série Oz, référence omniprésente d'Un Prophète).

... et je n'ai pas vu Oz...

et dans les commentaires:

.... ce qui me suffoque au contraire c'est que ce film ait été porté aux nues, parce question invraisemblance et itinéraire épique qui a tout pour susciter l'admiration, c'est-à-dire offrir une simplicité de lecture, voire un certain manichéisme, ce film remporte la palme!!!

Bridget a écrit:
... et je n'ai pas vu Oz...

Moi si, quelques épisodes, et l'aspect non réaliste de la prison m'a très vite énervé.
J'ai vraiment l'impression que UN PROPHETE, dont même le trailer m'avait rebuté, n'est pas pour moi.

Enfin vu. Quel choc!
Cependant, j'en ai eu une vision très perturbée: 30 mn de la 2ème moitié dimanche soir à la télé (en point d'orgue le congé dans les hauteurs de Marseillle avec les chevreuils) puis j'ai arrêté, l'ai loué le lendemain. Commencé tard, j'ai "zappé" l'épisode déjà vu la veille, puis fait une pause ((épisode imprévu avec une corneille apprivoisée et ramenée à la maison)) et vu la fin ce matin. J'ai hâte de le revoir plus sereinement. Superbe mise en scène, superbes acteurs, presque tous inconnus, scénario assez impeccable. Mon premier choc majeur avec Audiard, qui ne m'avait jamais convaincu jusque là.

J'ai relu une partie des commentaires précédents.

Le manque de réalisme du film ne m'a pas dérangé.
Tout le monde (réal, scénar, acteurs...) y met tellement de conviction que j'y ai à peine pensé.

Perso, l'organisation interne de la prison, j'ai vu ça comme ça: l'appareil carcéral est constitué de fonctionnaires (corruptibles, faibles, absents, etc...), alors que des hommes comme Luciani continuent à y vivre selon des codes très bien fixés à l'extérieur. Il est Parrain dehors, il sera Parrain dedans. Donc il manipule, il organise, il ordonne. C'est très bien montré au moment où presque tous les Corses sont transférés et il remet à l'ordre un gardien avec une autorité certes affaiblie mais acquise.

Le fait que Malik et son pote savent qui buter ou pas dans Paris est une ellipse scénaristique. Son pote a eu tout loisir de préparer le coup.
J'ai adoré l'idée que Malik profite que la voiture des cibles soit blindée pour s'y introduire et buter tout le monde à l'intérieur. Ca "justifie" qu'apparemment personne dans la rue ne se doute de ce qui se passe. La scène est époustouflante dans sa mise en scène.

Et je ne sais pas si c'est moi, mais j'ai l'impression qu'entre des personnages qu'on voit peu, des passages en arabe ou en corse, des ellipses: on ne comprend pas tout, et ça rend le film d'autant plus passionnant à suivre. En tant que spectateur, on doit repérer ce qui est essentiel et ce qui l'est moins, décoder, interpréter et au final se faire sa propre idée.