par Mitchell Mer 23 Oct - 19:10
Après la découverte de Prisoners auquel, étrangement, je pense fréquemment depuis deux semaines et qui sera certainement un des 2 ou 3 meilleurs films découverts au cinéma cette année, j'étais impatient et un peu fébrile à l'idée de découvrir celui-ci.
Villeneuve emballe son film avec un talent impressionnant, sa réalisation est d'une précision exemplaire, sa structure parfois un peu exigeante renforce magnifiquement le drame qui se joue, les acteurs sont excellents et puis il y a You And Whose Army de Radiohead dans une ouverture magnifique. En fait, avant de connaître Villeneuve, je m'attendais à du ciné vérité, caméra à l'épaule, très cru, alors qu'en fait non, le cinéaste ne joue pas du tout dans ce registre, on est dans un cinéma d'un beau classicisme presque constamment virtuose (le découpage, le travail en plans fixes, les rares effets de styles).
Je remarque en lisant d'autres avis que le scénario est souvent un élément de discorde. Ce basculement d'un récit "historique" ultra-réaliste vers la tragédie, contenant son lot de coïncidences, pour moi, c'est à l'avenant, c'est brillant. J'adore cette façon de glisser lentement vers le romanesque pur, on reste bien dans le même drame familiale qui écrase les personnages, mais quelques part de part ses partis pris, le scénario fait sortir le film de son cocon réaliste pour tomber dans la fiction pure. C'est en tout cas comme ça que je l'ai perçu, même si les twists en eux mêmes sont tout à fait plausibles, j'aime bien me dire que ce changement est un parti pris. J'ai trouvé ça courageux et magnifiquement amené.
Ca fait beaucoup de qualité tout ça et pourtant je reste modérément enthousiaste au final, à cause d'une implication émotionnelle moindre. Evidemment j'ai été "réveillé" à plusieurs reprises (le bus, la torture, les 15 dernières minutes), mais pas secoué comme j'aurais voulu. J'ai eu l'impression d'être devant un film très froid, très sûr de lui, très mécanique. En fait, le film m'a fait pensé à Une Séparation de Fahradi, que j'ai adoré, dans sa manière de chercher avant tout l'efficacité du scénario et de la mise en scène, avant de chercher à toucher le spectateur. Comme si la mécanique du film semblait entériner une partie de l'émotion et de l'empathie.
Ca reste solide et impressionnant. Mais quelques part je crois que j'ai préféré Prisoners, il faudra que je laisse murir celui-ci encore un peu dans mon esprit, mais malgré les défauts de son dernier film, il m'a paru plus viscérale. Le fait qu'il aie pu voir le jour dans le système de production Américain avec des grosses têtes d'affiches renforçant encore la malaise et la réussite. Incendies, de son côté, ne m'a pas vraiment pris aux tripes.
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