2001: L'ODYSSEE DE L'ESPACE (2001 : A Space Odyssey) de Stanley Kubrick (1968)
Septième long-métrage de Kubrick qui avait déjà réalisé « Spartacus » (1960), « Lolita » (1962) et « Dr. Folamour » (1964) et à mon avis l’un des films les plus importants de l’histoire du cinéma (rien que ça). Il n’est pas facile de résumer L’Odyssée de l’espace tant ce film est complexe et tant il regorge de ces fameuses interrogations métaphysiques et d’un symbolisme omniprésent. Un roman du même nom est écrit par Arthur C. Clarke en parallèle du film et ce dernier collabore également avec Kubrick au scénario. D’autres nouvelles antérieures de Clarke inspirèrent aussi Kubrik comme « La Sentinelle » (1951).
Pour commencer, sur le tournage et la technique, disons que ce projet est l’un des plus ambitieux de Kubrik que l’on sait plutôt perfectionniste et mégalomane. Le tournage commence en décembre 1965 soit trois ans avant sa sortie, le coût total du film dépasse les 10 mio $. Kubrik veut créer un film audacieux mais très réaliste, il s’entoure donc de conseillers scientifiques de pointe dans les domaines de l’aérospatiale, de la cybernétique, de l’exploration spatiale… Utilisant et inventant également des techniques de tournage innovantes et s’entourant des meilleurs techniciens d’effets spéciaux. Pour exemple, une centrifugeuse de 30 tonnes coûtant 750000$ a été utilisée, des objectifs développés par la NASA pour les caméras… Des légendes urbaines expliquent même que la collaboration entre Kubrik et la NASA était si étroite qu’il aurait réalisé le premier alunissage d’Apollo 11 en huis-clos !! Bref on sent le sérieux scientifique et la détermination de ce garçon ! Et il faut admettre que le résultat et surréaliste… de réalisme. Comme exemple, le silence intersidéral, qui est tout bonnement ignoré dans quasiment tout les films de science-fiction, hé oui, le son ne se propage pas dans le vide ! Mais aussi le design des interfaces informatiques et des aéronefs sont infiniment plus réalistes que les panneaux plein de boutons clignotant que l’on voit dans la plupart des films du genre.
Le scénario est assez dépouillé et sert avant tout d’arrière plan aux sujets abordés dans le film. La construction du film ressemble peu aux schémas habituels avec un début et une fin. Le rythme est plutôt lent, l’esthétique est grandiose et la bande son en adéquation parfaite avec les images. Les dialogues sont parfois insipides et les émotions étriquées. Cela donne une ambiance générale assez angoissante.
Il y a quatre parties, avec un fil rouge : Un monolithe parallélépipède (de proportion « parfaite » 1 x 4 x 9, les carrés des trois premiers chiffres) qui intervient dans les scènes clés du film. La première traite de l’utilisation d’un outil pour la première fois par un être humain primitif, un os, pour terrasser un membre d’un clan adverse. Une sorte de parabole de l’instant ou l’Homme est devenu un être supérieur et dominant… « L’intelligence ». La transition s’effectue par la transformation de l’os lancé en plateforme spatiale, transition qui est aussi illustrée par le choix des musiques, avant : Richard Strauss « Also Sprach Zarathustra », après : Johann Strauss « An der schönen blauen Donau ».
C’est avec la valse de Strauss que l’on entre dans la deuxième partie. Une extraordinaire découverte sur la Lune et bien sûr tenue secrète. Une mission amène des scientifiques vers une anomalie magnétique : Un monolithe ! Celui-ci commence à émettre des ondes très puissantes une fois exposé à la lumière du soleil…
Deux ans plus tard une autre mission emmène deux astronautes et trois scientifiques en hibernation vers Jupiter ou les ondes radio provenant du monolithe lunaire semblent dirigées. Le vaisseau est géré de manière quasi autonome par l’ordinateur de bord HAL 9000 (CARL dans la version française, HAL pour Heuristically programmed ALgorithmic computer ou Cerveau Analytique de Recherche et de Liaison en français. Pour l’anecdote, le décalage des lettres HAL d’une place donne IBM…). Lorsque HAL informe l’équipage d’une anomalie dans un appareil et qu’après contrôle les astronautes constate que le superordinateur (qui lui-même prétend ne jamais faire d’erreur) s’est trompé, les deux astronautes s’interroge sur leur sécurité et décident de débrancher les fonctions « intelligentes » de HAL. Mais HAL se défend est « assassine » quatre des cinq passagers pour sa « survie ». Guillemets de rigueur puisqu’il n’est pas doté d’une conscience… Quoique ?! Le survivant parvient à le débrancher faisant fi des « plaintes » de HAL mourrant.
« L'ordinateur HAL représente à lui seul les deux formes parfaites du film, le rectangle et le cercle, c'est-à-dire l'inorganique et l'organique, l'artefact construit et l'intelligence biologique »
La dernière partie, la plus étrange, voit le dernier passager, Dave, sortir du vaisseau à la rencontre d’un autre monolithe en orbite autour de Jupiter. A proximité de celui-ci l’astronaute semble aspiré dans une ouverture spatio-temporelle et termine curieusement sa course dans une sorte de suite de style baroque. Là il se voit vieillir très rapidement et rencontre une dernière fois le monolithe lors d’une sorte de réincarnation en fœtus. La dernière scène montre le fœtus intergalactique flotter vers la terre… The End. En conclusion, impossible de conclure quoi que ce soit, la porte est volontairement ouverte à la libre interprétation du spectateur.
« Vous êtes libres de vous interroger tant que vous voulez sur le sens philosophique et allégorique du film – et une telle interrogation est une indication qu'il a réussi à amener le public à un niveau avancé – mais je ne veux pas donner une grille de lecture précise pour 2001 que tout spectateur se sentirait obligé de suivre de peur de ne pas en saisir la signification. »
— Stanley Kubrick
Voilà un film qui ne fera pas plaisir à ceux qui aiment les certitudes. Adoré ou détesté, 2001 : L’Odyssée de l’espace ne laisse pas indifférent pour autant qu’on y prête un œil attentif. Sa richesse et son approche philosophique, sa qualité technique et esthétique le hisse très haut dans la liste des œuvres marquantes du cinéma.
Bien d’autres éléments clés et anecdotes autour du film peuvent être trouvées sur le net. Je termine mon pavé par quelques crédits :
Cast (Les principaux, les autres rôles étant quasi insignifiants) :
# Keir Dullea : Pr. David Bowman
# Gary Lockwood : Pr. Frank Poole
# William Sylvester : Pr. Heywood R. Floyd
Trailer :
# Réalisation : Stanley Kubrick
# Scénario : Stanley Kubrick et Arthur C. Clarke d'après ses nouvelles The Sentinel et Encounter at Dawn.
# Musique : Richard Strauss, Johann Strauss, György Ligeti, Aram Khatchaturian
# Photographie : Geoffrey Unsworth
# Décors : Tony Masters, Harry Lange et Ernie Archer
# Effets spéciaux : Douglas Trumbull
# Production : Stanley Kubrick
# Sociétés de production : MGM, Polaris
# Pays d'origine : Royaume-Uni Royaume-Uni, États-Unis États-Unis
# Durée : 156 minutes (version originale), 139 minutes (version définitive)
La ritournelle chantée par HAL avant de s’éteindre (V.O.) :
« Daisy, Daisy, give me your answer do. I'm half crazy all for the love of you. It won't be a stylish marriage, I can't afford a carriage. But you'll look sweet upon the seat of a bicycle built for two. »
Salutations cinéphiles
Sam 8 Mar - 3:06 par Jericho
» Le Nyctalope
Ven 7 Mar - 20:50 par ard56
» Je cherche le titre d'une vielle série
Jeu 6 Mar - 5:22 par assasmourad
» Fête de l'anim - 10ème édition
Mar 4 Mar - 3:38 par PresseRav
» Le plan-séquence le plus prétentieux et ennuyeux de la "nouvelle vague"?
Lun 3 Mar - 12:38 par karlkanna
» Alejandro Jodorowsky à redécouvrir
Jeu 27 Fév - 4:40 par malcom mac jean pierre
» Belle et Sébastien (2013)
Mer 26 Fév - 3:26 par LvT
» BLACK OUT de Jean-Louis Roy (1970)
Dim 23 Fév - 10:44 par mid
» David Lynch
Dim 23 Fév - 10:02 par Hellody