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MELANCHOLIA de Lars von Trier (2011)
LvT- Cinéphile
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Re: MELANCHOLIA de Lars von Trier (2011)
I am a communist!
LvT- Cinéphile
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Re: MELANCHOLIA de Lars von Trier (2011)
La conférence de presse dans laquelle Lars annonce son prochain projet, un porno harcore de trois ou quatre heures avec Kirsten Dunst et Charlotte Gainsbourg.
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Re: MELANCHOLIA de Lars von Trier (2011)
C'est bien une idée de facho ça!
Colqhoun- Cinéphile
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Re: MELANCHOLIA de Lars von Trier (2011)
Le ministre iranien de la culture soutient Lars von Trier.
LvT- Cinéphile
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Re: MELANCHOLIA de Lars von Trier (2011)
Revu le film hier et dans une vraie salle de cinéma (flon à Lausanne). Sur le final, les sièges ont littéralement tremblé grâce aux infra basses incroyables, mais sans aucune saturation: je n'avais jamais senti un tel tremblement au cinéma.
Et cette ouverture faite de tableaux qui annoncent le film à venir, quelle maestria. Quelle œuvre magistrale sur la dépression. Bref une deuxième baffe monumentale.
Et cette ouverture faite de tableaux qui annoncent le film à venir, quelle maestria. Quelle œuvre magistrale sur la dépression. Bref une deuxième baffe monumentale.
Colqhoun- Cinéphile
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Re: MELANCHOLIA de Lars von Trier (2011)
Je dirais plutôt qu'il s'agit d'un film sur la peur.LvT a écrit:Quelle œuvre magistrale sur la dépression.
La dépression n'en est qu'une conséquence.
LvT- Cinéphile
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Re: MELANCHOLIA de Lars von Trier (2011)
Je dirais alors sur les deux, la peur chez Claire et la dépression chez Justine qui, quand arrive l'inéluctable, fait preuve, pour une dépressive, d'un courage incroyable et une absence totale de peur: la dernière image le montre très clairement.
Colqhoun- Cinéphile
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Re: MELANCHOLIA de Lars von Trier (2011)
Justement, je pense que l'état dépressif de Justine est une conséquence de la peur. Mais une peur qu'elle ne s'explique pas au début (et qui fait foirer le mariage) et qui la met dans un état totalement autre. Parce que contrairement aux autres personnes, elle a sentie qu'une chose terrible allait arriver (elle remarque la planète alors qu'elle vient d'arriver à pied avec son mari au domaine de son beau-frère) et que dès lors, plus rien n'a d'importance.
D'où l'état dépressif.
Puis progressivement, face à la peur bien tangible de sa soeur, elle va gentiment remonter la pente et va pouvoir accompagner son neveu et sa soeur à affronter leur funeste destin.
D'où l'état dépressif.
Puis progressivement, face à la peur bien tangible de sa soeur, elle va gentiment remonter la pente et va pouvoir accompagner son neveu et sa soeur à affronter leur funeste destin.
chaoticlock- Directeur de la Photographie
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Re: MELANCHOLIA de Lars von Trier (2011)
LvT a écrit:La conférence de presse dans laquelle Lars annonce son prochain projet, un porno harcore de trois ou quatre heures avec Kirsten Dunst et Charlotte Gainsbourg.
Pornocrate.
chaoticlock- Directeur de la Photographie
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Re: MELANCHOLIA de Lars von Trier (2011)
assez impatient de voir son film cela dit.
LvT- Cinéphile
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Re: MELANCHOLIA de Lars von Trier (2011)
Colqhoun a écrit:Justement, je pense que l'état dépressif de Justine est une conséquence de la peur. Mais une peur qu'elle ne s'explique pas au début (et qui fait foirer le mariage) et qui la met dans un état totalement autre. Parce que contrairement aux autres personnes, elle a sentie qu'une chose terrible allait arriver (elle remarque la planète alors qu'elle vient d'arriver à pied avec son mari au domaine de son beau-frère) et que dès lors, plus rien n'a d'importance.
D'où l'état dépressif.
Pourquoi pas, mais je pense que Justine est dépressive depuis bien avant son mariage. Les quelques conversations avec sa sœur durant le mariage le montrent clairement.
Colqhoun- Cinéphile
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Re: MELANCHOLIA de Lars von Trier (2011)
Alors effectivement, je pense que l'on comprend assez bien suite à quelques dialogues qu'elle a déjà un passif de dépressive.
Mais je pense aussi que la planète sert de déclencheur à cet état psychologique. Et que dès lors, sa dépression se veut surtout celle de quelqu'un qui n'a plus espoir en quoi que ce soit et réalise que peu importe les gens, peu importe la situation, tout est de toute manière perdu. Elle peut se permettre alors de baiser le premier venu, de perdre 1h dans une baignoire alors que des gens attendent sur elle, etc..
Mais je pense aussi que la planète sert de déclencheur à cet état psychologique. Et que dès lors, sa dépression se veut surtout celle de quelqu'un qui n'a plus espoir en quoi que ce soit et réalise que peu importe les gens, peu importe la situation, tout est de toute manière perdu. Elle peut se permettre alors de baiser le premier venu, de perdre 1h dans une baignoire alors que des gens attendent sur elle, etc..
LvT- Cinéphile
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Re: MELANCHOLIA de Lars von Trier (2011)
Lors du mariage, on ne sait pas du tout encore que cette étoile annonce le moindre danger. Elle remarque juste un truc dans le ciel. Je ne pense pas alors que son comportement durant le mariage découle de cette observation anodine. A ce moment là, elle n'est pas encore en possession de "cette excuse" pour se foutre de tout.
Colqhoun- Cinéphile
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Re: MELANCHOLIA de Lars von Trier (2011)
L'observation est effectivement anodine, mais comme elle le dit plus tard, elle a des pouvoirs (ou un truc équivalent.. elle sent les choses.. je ne sais plus comment elle le formule, mais elle fait comprendre qu'elle a comme un 6ème sens) et je peux tout à fait imaginer que son hyper-sensibilité lui a permis d'entrevoir (sans pour autant le comprendre) que quelque chose touchait à sa fin et que plus rien n'avait de sens.
Ni elle ni personne d'autre n'est au courant du caractère funeste de cette nouvelle lueur dans le ciel. Mais elle seule sera psychologiquement touchée par la catastrophe à venir. La plongeant plus tard dans cet état quasi-catatonique. Tout se joue sur différents niveaux de perception de la réalité et des choses à venir. Un peu comme c'était déjà le cas dans Antichrist, par ailleurs.
Ni elle ni personne d'autre n'est au courant du caractère funeste de cette nouvelle lueur dans le ciel. Mais elle seule sera psychologiquement touchée par la catastrophe à venir. La plongeant plus tard dans cet état quasi-catatonique. Tout se joue sur différents niveaux de perception de la réalité et des choses à venir. Un peu comme c'était déjà le cas dans Antichrist, par ailleurs.
LvT- Cinéphile
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Re: MELANCHOLIA de Lars von Trier (2011)
Je vois ce que tu veux dire. Justine est en quelque sorte littéralement touchée par Melancholia et cette dernière a comme une emprise sur elle, comme l'étaient les deux personnages d'Antichrist par la nature originellement malsaine qui se jouait d'eux. Mais ici Justine, choisit de contrattaquer en sortant de sa dépression. J'aime beaucoup ce chemin de réflexion.
Colqhoun- Cinéphile
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Re: MELANCHOLIA de Lars von Trier (2011)
Voilà, c'est un peu la manière dont j'ai compris le film.
Je ne sais pas si cette piste a du sens, mais c'est là que j'ai trouvé une relation entre la planète, l'état de justine et la justification du titre (justine qui ressent de la mélancolie pour un monde d'ores et déjà disparu).
Cela dit, je pense que je vais retourner le voir en salle. Ne serait-ce que pour l'esthétique globale du film (au delà des premiers plans du film, très travaillés, toute la réalisation m'a envoûtée).
Je ne sais pas si cette piste a du sens, mais c'est là que j'ai trouvé une relation entre la planète, l'état de justine et la justification du titre (justine qui ressent de la mélancolie pour un monde d'ores et déjà disparu).
Cela dit, je pense que je vais retourner le voir en salle. Ne serait-ce que pour l'esthétique globale du film (au delà des premiers plans du film, très travaillés, toute la réalisation m'a envoûtée).
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Re: MELANCHOLIA de Lars von Trier (2011)
Si ça peut te rassurer, science-fiction est un mot trop fort pour ce film. Il y a bien une touche de fantastique mais ça reste largement au second plan.
lorenzo- Directeur de la Photographie
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- Message n°68
Re: MELANCHOLIA de Lars von Trier (2011)
"Le monde est un bel endroit, qui mérite que l'on se batte pour lui". Cette assertion de l'écrivain Ernest Hemingway, citée par le personnage de Morgan Freeman à la fin de Se7en, trouve dans le dernier film de Lars von Trier son exact opposé: le monde n'est pas un bel endroit, et ne mérite pas que l'on se batte pour lui.
Oeuvre fascinante, pessimiste, esthétiquement superbe, alternant tableaux visuels et caméra à l'épaule, Melancholia se pose en effet comme une peinture redoutable de la nature humaine, entre lâcheté, méchanceté, cupidité et intolérance, et peut par ailleurs s'interpréter comme l'excroissance ultime du précédent film du metteur en scène, Antichrist.
Débutant par une succession d'images d'une beauté à couper le souffle illustrant l'état mental des personnages dans plusieurs des scènes à venir (idée d'une richesse et d'une intelligence remarquables), Melancholia s'intéressera par la suite au mariage de Justine (parfaite Kirsten Dunst, récompensée au dernier festival de Cannes) au sein d'une somptueuse demeure à l'intérieur de laquelle les aspects les plus bas et les plus vils de l'âme humaine se révèleront dans une succession de séquences où la caméra portée de Von Trier se fera l'écho du chaos ambiant.
Au sein de ce maelström de comportements pitoyables des uns et des autres, le personnage de Justine, d'une tristesse maladive, erre de pièce en pièce, s'isolant du groupe, fuyant un monde qu'elle sait livré à sa perte, et dont elle se détache petit à petit, jusqu'à la quasi-catatonie.
L'imminence du passage de la planète Melancholia à proximité de la Terre (passage dont l'issue sera dévoilé dès les premières minutes du film dans un plan à la puissance d'évocation foudroyante), achève de conforter Justine dans ses convictions sur le genre humain, ces dernières faisant l'objet d'un dialogue clé en fin de métrage entre elle et sa soeur. C'est en effet lors de cette scène capitale que l'enjeu et le sens du film seront clairement exposés, liant le tout dans une évidence d'un pessimisme dont la noirceur n'a d'égale que la lucidité.
Par ailleurs, l'une des autres forces du film repose dans la capacité du réalisateur à impliquer le spectateur dans une histoire d'apocalypse dont on se demande à chaque instant: "et si cela arrivait réellement ?". Le pur aspect "science fiction" du film prend alors ici des allures de probabilité tangible par le questionnement et la peur qu'il provoque. La lente approche de la planète Melancholia s'impose à la fois comme la fin de notre monde, mais aussi comme une possible sanction divine - (attention spoiler) - (l'éloignement de la planète en fin de métrage, puis son retour brutal vers la Terre) - (fin de spoiler) - témoignant ainsi d'une humanité qui court à sa perte et qui, à force de s'autodétruire, verra son monde partir en fumée. A ce titre, la dernière scène du film, l'une des plus belles et des plus émotionnellement secouantes que l'ont ai vues au cinéma (l'ultime image marquera à jamais les mémoires), achève le cycle d'une humanité qui se sera consumée de l'intérieur.
Avec Melancholia, Lars von Trier signe assurément son film le plus abouti, narrativement, esthétiquement et émotionnellement. Oeuvre dont on ne ressort pas indemne, le film se ressent, interroge, et s'inscrira durablement dans les rétines, les mémoires et le coeur des spectateurs.
Colqhoun- Cinéphile
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Re: MELANCHOLIA de Lars von Trier (2011)
Je ne suis pas d'accord avec cela.lorenzo a écrit:
"Le monde est un bel endroit, qui mérite que l'on se batte pour lui". Cette assertion de l'écrivain Ernest Hemingway, citée par le personnage de Morgan Freeman à la fin de Se7en, trouve dans le dernier film de Lars von Trier son exact opposé: le monde n'est pas un bel endroit, et ne mérite pas que l'on se batte pour lui.
Mais je n'ai pas le temps de m'expliquer.
Je ferais ça plus tard.
LvT- Cinéphile
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Re: MELANCHOLIA de Lars von Trier (2011)
MELANCHOLIA de Lars von Trier
Après s'être plongé dans Melancholia, on peut facilement oublier tous les autres films qui ont pour objet la fin du monde, car Lars von Trier réussit une nouvelle fois une œuvre ultime et renvoie à leur copie les employés d'Hollywood qui se sont attaqués au même sujet. On pourrait philosopher pendant des heures en utilisant des termes savants pour évoquer la mélancolie, l'humanité, la famille, et la société, mais le cinéaste danois va plus loin en signant un film dont l'intérêt principal est l'émotion. Il redonne enfin toute sa noblesse à ce terme devenu presque vulgaire par la faute de la téléréalité et autres témoignages soi-disant vécus qui enveniment les médias. Melancholia secoue à la fois l'esprit, l'âme et les tripes. Rarement le cinéma sera parvenu à transfigurer l'angoisse et ce sans avoir recours au moindre suspense, car la fin de la terre envahit l'écran après une dizaine de minutes seulement, concluant une introduction magistrale nous dévoilant au ralenti ce qu'il va se passer dans la deuxième partie de l'œuvre, grâce à des tableaux tous plus prenants les uns que les autres, sur un extrait de Tristan et Iseut de Wagner.
Ensuite, le long métrage se scinde en deux parties. Dans la première intitulée Justine, on assiste au banquet de mariage de cette dernière dans la somptueuse propriété de sa sœur Claire et de son beau-frère John, véritable petit château ceint par un immense domaine idéal pour les balades à cheval et un golf. Eprise d'une profonde mélancolie, Justine remarque une étoile à la nuit naissante avant de pénétrer dans la demeure. Son beau-frère, féru d'astronomie lui explique qu'il s'agit d'Antarès, un astre très lointain normalement invisible de notre planète. Dès, lors Justine sent déjà les événements définitifs de la deuxième partie, et mieux, on sent qu'elle les souhaite ardemment, si bien qu'à la fin de sa fête, elle se retrouve sans emploi et sans mari, après avoir vidé son sac et dit leurs quatre vérités aux nuisibles qui lui font de l'ombre.
Justine est incarnée avec maestria par la somptueuse Kirsten Dunst qui trouve là son meilleur rôle depuis sa performance face à Brad Pitt et Tom Cruise dans Entretien avec un vampire de Neil Jordan. Elle est tour à tour pimbêche, fragile, forte, prophétesse et particulièrement touchante dans sa relation avec son neveu Leo qui l'appelle Tante Brise acier.
La deuxième partie prend le nom de la seconde sœur, Claire et se situe plus tard quand on découvre qu'une gigantesque planète, Melancholia, cachée jusqu'à lors derrière notre soleil, se dirige vers la terre. C'est elle qui masquait Antarès avant d'entreprendre son funeste voyage vers nous. Certains disent qu'elle va simplement nous frôler, alors que d'autres prétendent une collision inévitable dont la conséquence sera l'annihilation de notre monde. Claire accueille Justine chez elle alors qu'elle est dans une phase très aigüe de sa maladie au point de ne plus pouvoir faire quoi que ce soit de son propre chef, comme le montre la très forte séquence du bain. Claire a peur bien que son mari lui promette que Melancholia ne fera que passer. Ce dernier, brillamment incarné par Kiefer Sutherland, sera le premier à abandonner la partie, alors que sa femme voudrait se réveiller d'un cauchemar sans pouvoir y parvenir. Mais plus l'événement s'approche, plus Justine devient sereine. Reprenant des forces pour toute la famille, elle accepte l'inévitable car elle se convainc qu'une fin inexorable est toute proche. Elle devient Tante Brise acier, un être juste, mais dur qui ose déclarer que la terre ne mérite pas de survivre et ni que l'on se batte pour elle.
Claire, c'est Charlotte Gainsbourg qui défend avec une parfaite conviction le deuxième rôle que Lars von Trier lui offre après son incroyable Antichrist. Elle joue à merveille l'angoisse sans jamais sombrer dans l'hystérie et on se surprend à suffoquer en même temps que son personnage.
Le cinéaste danois signe une nouvelle fois un film de femmes exceptionnel (après Björk pour Dancer in the Dark et Charlotte Gainsbourg pour Antichrist, c'est la troisième fois que l'actrice principale d'un de ses films repart avec le Prix d'Interprétation du Festival de Cannes) grâce à un scénario, certes pétri de pessimisme, d'une puissance rarement vue et à une mise en scène faisant désormais de lui le digne successeur du grand visionnaire qu'était Stanley Kubrick. Chez lui, les mariages finissent en règlements de compte, les terrains de golf ont dix-neuf trous, les ponts ne sont pas là pour relier deux rives, mais font office de barrières infranchissables, les cavernes magiques sensées être indestructibles sont faites de minces branches d'arbre, les planètes possèdent leur propre environnement sonore et l'harmonie appartient à la sœur mélancolique, alors que l'autre, plus terrienne, partira seule et traumatisée, comme le montre l'ultime image du film où elle lâche les mains de son fils et de sa sœur pour enfermer son visage, refusant le vacarme assourdissant de l'impact final, génialement rendu par une utilisation exceptionnelle des infrabasses et qui n'aura jamais autant fait vibrer les sièges d'une salle de cinéma.
Après s'être plongé dans Melancholia, on peut facilement oublier tous les autres films qui ont pour objet la fin du monde, car Lars von Trier réussit une nouvelle fois une œuvre ultime et renvoie à leur copie les employés d'Hollywood qui se sont attaqués au même sujet. On pourrait philosopher pendant des heures en utilisant des termes savants pour évoquer la mélancolie, l'humanité, la famille, et la société, mais le cinéaste danois va plus loin en signant un film dont l'intérêt principal est l'émotion. Il redonne enfin toute sa noblesse à ce terme devenu presque vulgaire par la faute de la téléréalité et autres témoignages soi-disant vécus qui enveniment les médias. Melancholia secoue à la fois l'esprit, l'âme et les tripes. Rarement le cinéma sera parvenu à transfigurer l'angoisse et ce sans avoir recours au moindre suspense, car la fin de la terre envahit l'écran après une dizaine de minutes seulement, concluant une introduction magistrale nous dévoilant au ralenti ce qu'il va se passer dans la deuxième partie de l'œuvre, grâce à des tableaux tous plus prenants les uns que les autres, sur un extrait de Tristan et Iseut de Wagner.
Ensuite, le long métrage se scinde en deux parties. Dans la première intitulée Justine, on assiste au banquet de mariage de cette dernière dans la somptueuse propriété de sa sœur Claire et de son beau-frère John, véritable petit château ceint par un immense domaine idéal pour les balades à cheval et un golf. Eprise d'une profonde mélancolie, Justine remarque une étoile à la nuit naissante avant de pénétrer dans la demeure. Son beau-frère, féru d'astronomie lui explique qu'il s'agit d'Antarès, un astre très lointain normalement invisible de notre planète. Dès, lors Justine sent déjà les événements définitifs de la deuxième partie, et mieux, on sent qu'elle les souhaite ardemment, si bien qu'à la fin de sa fête, elle se retrouve sans emploi et sans mari, après avoir vidé son sac et dit leurs quatre vérités aux nuisibles qui lui font de l'ombre.
Justine est incarnée avec maestria par la somptueuse Kirsten Dunst qui trouve là son meilleur rôle depuis sa performance face à Brad Pitt et Tom Cruise dans Entretien avec un vampire de Neil Jordan. Elle est tour à tour pimbêche, fragile, forte, prophétesse et particulièrement touchante dans sa relation avec son neveu Leo qui l'appelle Tante Brise acier.
La deuxième partie prend le nom de la seconde sœur, Claire et se situe plus tard quand on découvre qu'une gigantesque planète, Melancholia, cachée jusqu'à lors derrière notre soleil, se dirige vers la terre. C'est elle qui masquait Antarès avant d'entreprendre son funeste voyage vers nous. Certains disent qu'elle va simplement nous frôler, alors que d'autres prétendent une collision inévitable dont la conséquence sera l'annihilation de notre monde. Claire accueille Justine chez elle alors qu'elle est dans une phase très aigüe de sa maladie au point de ne plus pouvoir faire quoi que ce soit de son propre chef, comme le montre la très forte séquence du bain. Claire a peur bien que son mari lui promette que Melancholia ne fera que passer. Ce dernier, brillamment incarné par Kiefer Sutherland, sera le premier à abandonner la partie, alors que sa femme voudrait se réveiller d'un cauchemar sans pouvoir y parvenir. Mais plus l'événement s'approche, plus Justine devient sereine. Reprenant des forces pour toute la famille, elle accepte l'inévitable car elle se convainc qu'une fin inexorable est toute proche. Elle devient Tante Brise acier, un être juste, mais dur qui ose déclarer que la terre ne mérite pas de survivre et ni que l'on se batte pour elle.
Claire, c'est Charlotte Gainsbourg qui défend avec une parfaite conviction le deuxième rôle que Lars von Trier lui offre après son incroyable Antichrist. Elle joue à merveille l'angoisse sans jamais sombrer dans l'hystérie et on se surprend à suffoquer en même temps que son personnage.
Le cinéaste danois signe une nouvelle fois un film de femmes exceptionnel (après Björk pour Dancer in the Dark et Charlotte Gainsbourg pour Antichrist, c'est la troisième fois que l'actrice principale d'un de ses films repart avec le Prix d'Interprétation du Festival de Cannes) grâce à un scénario, certes pétri de pessimisme, d'une puissance rarement vue et à une mise en scène faisant désormais de lui le digne successeur du grand visionnaire qu'était Stanley Kubrick. Chez lui, les mariages finissent en règlements de compte, les terrains de golf ont dix-neuf trous, les ponts ne sont pas là pour relier deux rives, mais font office de barrières infranchissables, les cavernes magiques sensées être indestructibles sont faites de minces branches d'arbre, les planètes possèdent leur propre environnement sonore et l'harmonie appartient à la sœur mélancolique, alors que l'autre, plus terrienne, partira seule et traumatisée, comme le montre l'ultime image du film où elle lâche les mains de son fils et de sa sœur pour enfermer son visage, refusant le vacarme assourdissant de l'impact final, génialement rendu par une utilisation exceptionnelle des infrabasses et qui n'aura jamais autant fait vibrer les sièges d'une salle de cinéma.
chaoticlock- Directeur de la Photographie
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Re: MELANCHOLIA de Lars von Trier (2011)
LvT a écrit:.. mais le cinéaste danois va plus loin en signant un film dont l'intérêt principal est l'émotion. Il redonne enfin toute sa noblesse à ce terme devenu presque vulgaire par la faute de la téléréalité et autres témoignages soi-disant vécus qui enveniment les médias.
toujours dans la demi-mesure...
Bridget- Directeur de la Photographie
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Re: MELANCHOLIA de Lars von Trier (2011)
C'est dingue:80% de ce topic portent sur la malheureuse "petite phrase" de LvT à Cannes
Je viens de voir MELANCHOLIA et j'avoue que je reste perplexe, je ne sais pas encore qu'en penser.
Le début fait très "Tree of Life": les planètes, le cosmos, le grand tout, la vie, tout ça....
Ensuite, les deux parties: ça pourrait carrément faire deux films distincts, même si Justine remarque qqch dans le ciel au début. La 1ère partie annonce un psychodrame familial, les vieilles rancoeurs, la mère (Charlotte Rampling) qui, a sa manière, sabote la fête. De façon générale, les personnages d'hystériques-névrosées m'agacent et je n'avais qu'une envie: flanquer des baffes à Kirsten Dunst, même si c'est une excellente actrice.
La deuxième partie: Charlotte a une patience incroyable avec sa soeur, une véritable loque qui finit par devenir une forte femme à la fin du film.
J'ai eu bcp de peine à cerner / comprendre le personnage de Justine: une tarée à problèmes, pourtant géniale dans son métier et qui envoie tout péter, mari, patron et une fois qu'elle est complètement destroy, elle se révèle être une sorte de pythie
Quoi qu'il en soit, Charlotte Gainsbourg et Kirsten Dunst livrent une excellente performance d'actrices, mais je me suis malgré tout un peu ennuyée. Le prélude de Tristan et Isolde de Wagner est magnifique - je soupçonne que la musique a inspiré le film à LvT - mais quand on entend le thème pour la 20ème fois, ça finit par être lassant. Même si c'est du Wagner.
Et ce n'est certainement pas par hasard que la planète s'appelle Melancholia
Bref.... il faut que je laisse goger.... je ne sais vraiment pas qu'en penser.....
Je viens de voir MELANCHOLIA et j'avoue que je reste perplexe, je ne sais pas encore qu'en penser.
Le début fait très "Tree of Life": les planètes, le cosmos, le grand tout, la vie, tout ça....
Ensuite, les deux parties: ça pourrait carrément faire deux films distincts, même si Justine remarque qqch dans le ciel au début. La 1ère partie annonce un psychodrame familial, les vieilles rancoeurs, la mère (Charlotte Rampling) qui, a sa manière, sabote la fête. De façon générale, les personnages d'hystériques-névrosées m'agacent et je n'avais qu'une envie: flanquer des baffes à Kirsten Dunst, même si c'est une excellente actrice.
La deuxième partie: Charlotte a une patience incroyable avec sa soeur, une véritable loque qui finit par devenir une forte femme à la fin du film.
J'ai eu bcp de peine à cerner / comprendre le personnage de Justine: une tarée à problèmes, pourtant géniale dans son métier et qui envoie tout péter, mari, patron et une fois qu'elle est complètement destroy, elle se révèle être une sorte de pythie
Quoi qu'il en soit, Charlotte Gainsbourg et Kirsten Dunst livrent une excellente performance d'actrices, mais je me suis malgré tout un peu ennuyée. Le prélude de Tristan et Isolde de Wagner est magnifique - je soupçonne que la musique a inspiré le film à LvT - mais quand on entend le thème pour la 20ème fois, ça finit par être lassant. Même si c'est du Wagner.
Et ce n'est certainement pas par hasard que la planète s'appelle Melancholia
Bref.... il faut que je laisse goger.... je ne sais vraiment pas qu'en penser.....
Bridget- Directeur de la Photographie
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Re: MELANCHOLIA de Lars von Trier (2011)
Sur les forums d'imdb, j'adore les topics "100 things I learned from... "
1. The presence of a corpse calms horses.
6. If you're a Nazi-sympathizing, Aesopian language-speaking film director then go dub a horse 'Abraham' and have your protagonist flail it to death.
9. A rogue planet's gravitational force has a direct influence on a lady's mind.
11. Insects are capable of panic.
12. Sex can be good in a sand trap.
13. You better be goddam happy.
14. The day your butler chooses his family over yours is a bad day for you.
15. A golf cart and a horse have the same reservations about crossing stone bridges.
16. Planetary death is quite personal.
17. The only way to end the scourge of shaky cam is to destroy the world.
20. No matter how intellectual a film, someone will always make one of these stupid threads
21. Kirsten Dunst has nice boobies.
25. Scientists can easily miscalculate everything. In the most impoortant time for planet earth and they got it wrong. Do not trust them.
26. But the "non real" scientists got it all right.
27. We are Alone, there is no alien life! And I wasted my years watching Mulder and Scully.
1. The presence of a corpse calms horses.
6. If you're a Nazi-sympathizing, Aesopian language-speaking film director then go dub a horse 'Abraham' and have your protagonist flail it to death.
9. A rogue planet's gravitational force has a direct influence on a lady's mind.
11. Insects are capable of panic.
12. Sex can be good in a sand trap.
13. You better be goddam happy.
14. The day your butler chooses his family over yours is a bad day for you.
15. A golf cart and a horse have the same reservations about crossing stone bridges.
16. Planetary death is quite personal.
17. The only way to end the scourge of shaky cam is to destroy the world.
20. No matter how intellectual a film, someone will always make one of these stupid threads
21. Kirsten Dunst has nice boobies.
25. Scientists can easily miscalculate everything. In the most impoortant time for planet earth and they got it wrong. Do not trust them.
26. But the "non real" scientists got it all right.
27. We are Alone, there is no alien life! And I wasted my years watching Mulder and Scully.
LvT- Cinéphile
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Re: MELANCHOLIA de Lars von Trier (2011)
Bridget a écrit:C'est dingue:80% de ce topic portent sur la malheureuse "petite phrase" de LvT à Cannes
Je viens de voir MELANCHOLIA et j'avoue que je reste perplexe, je ne sais pas encore qu'en penser.
Le début fait très "Tree of Life": les planètes, le cosmos, le grand tout, la vie, tout ça....
Ensuite, les deux parties: ça pourrait carrément faire deux films distincts, même si Justine remarque qqch dans le ciel au début. La 1ère partie annonce un psychodrame familial, les vieilles rancoeurs, la mère (Charlotte Rampling) qui, a sa manière, sabote la fête. De façon générale, les personnages d'hystériques-névrosées m'agacent et je n'avais qu'une envie: flanquer des baffes à Kirsten Dunst, même si c'est une excellente actrice.
La deuxième partie: Charlotte a une patience incroyable avec sa soeur, une véritable loque qui finit par devenir une forte femme à la fin du film.
J'ai eu bcp de peine à cerner / comprendre le personnage de Justine: une tarée à problèmes, pourtant géniale dans son métier et qui envoie tout péter, mari, patron et une fois qu'elle est complètement destroy, elle se révèle être une sorte de pythie
Quoi qu'il en soit, Charlotte Gainsbourg et Kirsten Dunst livrent une excellente performance d'actrices, mais je me suis malgré tout un peu ennuyée. Le prélude de Tristan et Isolde de Wagner est magnifique - je soupçonne que la musique a inspiré le film à LvT - mais quand on entend le thème pour la 20ème fois, ça finit par être lassant. Même si c'est du Wagner.
Et ce n'est certainement pas par hasard que la planète s'appelle Melancholia
Bref.... il faut que je laisse goger.... je ne sais vraiment pas qu'en penser.....
Justine n'est pas tarée comme tu dis avec énormément d'élégance. La mélancolie est une maladie.
Bridget- Directeur de la Photographie
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- Message n°75
Re: MELANCHOLIA de Lars von Trier (2011)
Non, elle n'est pas tarée.
Plutôt que mélancolique, elle est sans doute dépressive. Elle guérit avec l'imminence de la fin du monde.
J'avoue qu'il y a plein de choses que je n'ai pas comprises dans ce film et je demeure perplexe. Il y a plein de belles images, la trame est intéressante, mais toute la première partie aurait pu durer 20 minutes au lieu d'une heure.
- Spoiler:
- Elle sort pisser sur la pelouse pendant son banquet de mariage et va prendre un bain à 2h du mat; elle laisse son mari en plan en pleine nuit de noces pour aller baiser un inconnu sur le terrain de golf. Elle est incapable de monter dans une baignoire et mange de la confiture directement dans le pot avec les doigts; elle regarde droit devant elle sans rien dire
Plutôt que mélancolique, elle est sans doute dépressive. Elle guérit avec l'imminence de la fin du monde.
J'avoue qu'il y a plein de choses que je n'ai pas comprises dans ce film et je demeure perplexe. Il y a plein de belles images, la trame est intéressante, mais toute la première partie aurait pu durer 20 minutes au lieu d'une heure.
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