‘Viens de regarder les critiques de « Antichrist» sur Internet, film que je n’ai pas vu (pas regardé sur le forum ; le ferai après). Ai lu cette déclaration de LvT : « Je suis le plus grand réalisateur du monde. », et, plus intéressant, constaté que certains critiques se rejouent la scène de la poule et du couteau. Cela rassure (instinct du mouton, je sais). ‘Suis quand même arrivé à trouver une cohérence à ce diptyque de « Melancholia »: le mariage, même des beautiful people, ne donne, au final de cette première partie, qu’un fiasco, et la seconde aboutit à un fiasco planétaire. Il y a de quoi être mélancolique, que ce soit au sens de l’esprit 16ème siècle, –un des esprits, en tout cas-, dans lequel la mélancolie était aussi une sorte de mode, ou au sens des aliénistes du passé.
Cela une fois dit, ces deux grands blocs narratifs étiquetés (bien ou mal, je ne sais pas, en tout cas à la louche), restent les perplexités : pourquoi Justine se marie-t-elle si elle est si malade que cela ? Comment se transforme-t-elle de catatonique en pythonisse (on pourra dire que les sibylles et autres décrypteuses des secrets du destin ou de l’univers étaient aussi bien de grandes malades ou de grandes exaltées, vues par la science, mais c’est à moitié convaincant) ? Comment guérit-elle, au fait ? C’est la fin du monde qui la ragaillardit ? (pourquoi pas, d’ailleurs ? Il vaut mieux cela que de faire la tronche, surtout si on admet, comme elle ou comme Yehudi MENUHIN, qu’il y a des fois où on se demande si l’humanité mérite de vivre). Pourquoi John se suicide-t-il sans même un adieu à sa femme* ? Pour ne pas lui faire peur, bien sûr, mais ne devrait-il pas rester avec elle pour la soutenir ? Le plus intrigant est la curieuse fantaisie de la planète tueuse de s’éloigner, puis de rappliquer dare-dare le lendemain. Moins gênant : pourquoi cette place accordée aux chevaux ? D’autant qu’ils sont nerveux quand la planète a l’air de s’éloigner, placides (ou fatalistes ?) quand elle est proche.
Mes questions, sans doute pas très pertinentes, me rappellent les vieilles discussions des ciné-clubs, au début desquelles les bons animateurs prenaient soin, au début, de faire raconter le film par au moins un participant, pour vérifier si tout le monde avait vu le même film. Réponses surprenantes, souvent. En tout cas, j’ai vu un film composite, alternant les prises mobiles « Dogma » avec les séquences lentes et impressionnantes du prologue, qui fait jouer ensemble non pas le grotesque et le sublime comme dans le romantisme, mais le symbole (chevaux symboles, mais de quoi ?), la musique**, la peinture, la mise en scène de personnages jamais avantagés*** et le pessimisme millénariste, tout cela pouvant être pris pour une variation complexe et ambitieuse sur le malaise, dans lequel LvT met son spectateur dans nombre de ses films, ici de façon moins efficace, m’a-t-il semblé, que dans d’autres réalisations. Mais peut-être LvT n’a-t-il pas tant cherché à être efficace qu’à faire une œuvre impressionnante et solennelle, impressionnante par sa solennité (la dérisoire cabane de la dernière scène étant une très jolie façon d’éviter la grandiloquence).
*j’imagine qu’il se suicide
**Mais pourquoi avoir choisi le prélude de « Tristan » et l’avoir fait entendre si souvent, alors que c’est (l'opéra) avant tout une histoire d’amour, marquée plus par la fatalité que par la mélancolie, et que, pour mieux coïncider avec les reproductions picturales (BREUGHEL, BOSCH, etc), d’autres musiques convenaient davantage : les consorts pour violes des musiciens anglais du 16ème siècle, par exemple, sans compter que d’amour, dans ce film, il y en a bien peu ?
***jusque dans les dialogues, parfois faiblards : -« Tu me promets que la fin du monde n’aura pas lieu ? – « Je te le promets », surtout qu’il pense déjà, le mari, à piquer ses cachets à sa femme.
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